Des chercheurs et des scientifiques de l'Observatoire Universitaire International du Sahara Occidental (OUISO) ont demandé à la présidente de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) de Marseille des explications sur la signature de conventions de recherche "illégales" entre l'IRD et certaines collectivités ou institutions marocaines relatives à des recherches menées au Sahara occidental occupé, dénonçant "une très grave atteinte à la déontologie scientifique". L'OUISO a publié le 20 juin dernier sur son site web une actualité à propos de la signature de conventions de recherche entre l'IRD et certaines collectivités ou institutions marocaines relatives à des recherches menées dans différents domaines au Sahara occidental "comme si c'était le territoire marocain", déplorent les chercheurs et universitaires dans une lettre adressée récemment à la directrice de l'IRD, Valérie Verdier. "Ces recherches étant en réalité menées au Sahara occidental", territoire non-autonome des Nations unies en attente de décolonisation, partiellement et illégalement annexé par l'Etat marocain, nous avions alors alerté le représentant de l'IRD au Maroc, Renaud Fichez, et demandé une copie de ces conventions. Ce dernier nous avait indiqué que l'affaire était entre les mains du service juridique de l'IRD. Depuis lors, nous n'avons reçu aucune nouvelle du représentant de l'IRD au Maroc, ni de la direction juridique de l'IRD", regrettent-ils. "Si ces conventions confirmaient le recours à cette terminologie erronée (qui considère le Sahara occidental comme faisant partie du Maroc), cela signifierait que l'IRD considère ouvertement que ce territoire est officiellement sous la souveraineté du Maroc, ce qui constituerait une très grave infraction au droit international, ce d'autant plus que ni la France ni le reste de la communauté internationale ne reconnaît cette souveraineté", avertissent les chercheurs. Et ils ajoutent dans ce sens, qu'une telle infraction et un tel soutien assumé à une entreprise de colonisation "terniraient profondément l'image de la diplomatie française au Maghreb et dans le monde". "Il est choquant et inacceptable pour des chercheurs menant des recherches sur cette région du monde, souvent au contact de populations en exil du fait de ce conflit de décolonisation qui s'éternise, de voir une institution de recherche aussi respectable (à savoir l'IRD), fouler aux pieds le droit international, au mépris total des populations qui vivent dans cette région, et en contradiction avec le processus de résolution du conflit mené par les Nations unies depuis de nombreuses années", soulignent les universitaires. Pour autant, ils appellent la directrice générale de l'IRD à "faire toute la lumière sur ces conventions vraisemblablement signées dans l'illégalité et le mépris des populations de ce territoire" soulignant que ces conventions "portent une très grave atteinte à la déontologie scientifique". Dans leur lettre, les scientifiques et universitaires de l'OUISO demandent également à Mme Verdier de "transmettre copie des conventions litigieuses" mettant en grade qu'on cas de refus, "ils saisiront la Commission d'accès aux documents administratifs".