Le régime marocain s'emploie à planifier et à mettre en œuvre "une guerre de l'information" pour faire capoter le processus de règlement du conflit au Sahara occidental aussi bien que l'autodétermination du peuple sahraoui, a affirmé l'expert en questions militaires, Ahmed Adimi. Dans un entretien à l'APS, l'expert a déclaré avoir constaté à la faveur des informations sur la situation au Sahara occidental relayées sur les réseaux sociaux, "l'existence d'un dispositif complet chargé de planifier et de mettre en oeuvre des opérations d'intervention dans le cadre de la "guerre de l'information". Plus précis, l'expert a soutenu avoir observé à travers le contenu de plusieurs pages et sites marocains "les mêmes discours et informations avec des méthodes et des termes différents en recourant aux moyens connus et utilisés dans les stratégies pour convaincre", relevant également l'existence d'un grand nombre de pages "spécialisées" dans la question communément appelée au Maroc par "les Territoires sud", car chaque fois qu'on cherche des informations sur le royaume marocain, nous sommes confrontés désormais à des pages et des sites qui médiatisent et évoquent "la croissance", "le développement" et "la stabilité" dont jouit la population du Sahara occidental et là aussi une pratique connue. L'on œuvre également à impliquer l'Algérie dans le conflit , sans pour autant évoquer les raisons de la position algérienne soutenant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, a-t-il souligné. Le régime marocain - poursuit M. Adimi-, voulait faire passer les citoyens sahraouis pour des "bandits", violents, terroristes et mercenaires pour le compte de puissances étrangères, "au détriment" du royaume marocain. Il faut aider le peuple marocain frère, notamment les jeunes, en faisant connaitre la vérité sur la nature du conflit et en rejetant les mensonge du palais royal », a souligné professeur Adimi. « En dépit des actions menées par le palais royal et du soutien dont il bénéficie auprès des experts israéliens en matière de « guerre de l'information », les militants du Polisario maitrisent, eux aussi, la gestion des opérations de guerre pour ce qui est des informations et de la communication et son aidés par de nombreux amis à travers le monde », a-t-il dit. La désinformation, un subterfuge pour détourner l'attention du peuple marocain Le Palais royal a induit en erreur une large partie du peuple marocain et l'a convaincue que le Sahara « est une partie intégrante du Maroc et que le destin, l'avenir, la prospérité, la sécurité et la stabilité du peuple marocain consiste en « la marocanité » du Sahara, a-t-il dit, ajoutant que « le palais s'est impliqué dans cette question au point où il ne peut plus faire machine arrière. Il est aujourd'hui otage de ses allégations et sait que tout changement au Sahara Occidental est à même de renverser la monarchie ». Cette désinformation a joué et joue encore le rôle de soupape de sécurité pour détourner l'attention du peuple marocain de ce qui se passe au palais royal, de la manière avec laquelle les affaires du Maroc sont gérées et au profit de qui. Nous avons observé comment le Palais a détourné l'attention des médias concernant la question de l'établissement de relations diplomatiques avec Israël, au profit des grands « avantages » que le Maroc récoltera suite à la reconnaissance par les Etats Unies de la marocanité du Sahara outre les aides financières dont il bénéficiera», a-t-il ajouté. Lire aussi: La normalisation avec l'entité sioniste traduit la confusion du régime marocain Et d'ajouter que les « les campagnes de propagande et de désinformation ont eu un impact négatif sur une grande partie du peuple marocain en le convaincant que l'Algérie ne lui souhaite pas le bien et qu'elle entrave son droit d'annexer le Sahara Occidental, ce qui influence les relations entre les deux peuples algérien et marocain », précise-t-il. La désinformation adoptée par le Maroc est largement relayée par les médias arabes à cause de l'alliance établie entre les régimes monarchiques dans la région arabe d'où une mauvaise et fausse image sur la réalité, ajoute le même intervenant. Une Guerre d'information depuis le début du conflit au Sahara Occidental L'enseignant universitaire n'a pas manqué l'occasion pour rappeler que depuis le début du conflit au Sahara Occidental, El Mekhzen n'avait jamais arrêté la diffusion de fake news. Et d'enchainer que le régime marocain a détourné en 1975 un droit qui n'était pas le sien, renonçant ainsi à toutes ses positions antérieures (1967-1973) où tous les communiqués issus des rencontres tripartites (Algérie-Maroc-Mauritanie) ou bilatérales (Algérie Maroc ou Maroc Mauritanie) confirment le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, rappelle M. Adimi. Le même expert a exhorté les marocains qui cherchent la vérité à consulter ces communiqués disponibles sur les journaux parus à l'époque. « Lorsque l'Espagne a annoncé son intention en 1974 d'organiser un référendum d'autodétermination en faveur des sahraouis en fixant sa date en mois de juillet 1975, le souverain marocain a sollicité la Cour internationale de justice à La Haye pour lui demander son avis juridique sur sa souveraineté prétendue sur le Sahara Occidental », explique M. Adimi. Dans son avis consultatif rendu, le 16 octobre 1975, dans un document juridique historique de 60 pages, la Cour internationale de justice (CIJ) a conclu que "les éléments et renseignements portés à sa connaissance n'établissaient l'existence d'aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental, d'une part, le Royaume du Maroc ou l'ensemble mauritanien, d'autre part". La Cour ne constatait donc pas l'existence de liens juridiques de nature à modifier l'application de la résolution 1514 (XV) (1960) de l'Assemblée générale relative à l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, quant à la décolonisation du Sahara occidental, et en particulier l'application du principe d'autodétermination grâce à l'expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire", a-t-il fait savoir. Et d'ajouter que malgré la clarté de la position de la Cour internationale de Justice, le palais royal a allégué à l'époque que celle-ci était en sa faveur et qu'elle confirmait la prétendue +marocanité+ du Sahara. La presse marocaine n'a d'ailleurs jamais publié le texte du document de la Cour internationale de justice, a-t-il fait remarquer, soulignant que les Marocains qui voudraient le consulter peuvent toujours le retrouver sur le site Internet de la CIJ. Et d'ajouter que ni le palais royal ni la presse marocaine n'ont publié les résolutions 34/37 (1979) et 35/19 (1980) de l'Assemblée générale des Nations Unies ni les autres résolutions pertinentes. Pourtant, a-t-il dit, cela ne les a pas empêchés d'alléguer que ces résolutions étaient en faveur de la prétendue +marocanité+ du Sahara.