L'expert militaire, Ahmed Adimi, a affirmé dimanche que la normalisation des relations entre le Maroc et Israël "cache une volonté de dislocation des grands pays de la région afin de maintenir la suprématie militaire israélienne. "La volonté de disloquer les grands pays de la région pour qu'aucun Etat ne soit en mesure de faire, militairement, le poids face à Israël, n'est un secret pour personne", a déclaré à l'APS M. Adimi au sujet de cette normalisation qu'il a qualifié" de "simple officialisation d'un mariage". "Nous avions mis en garde, à maintes reprises et depuis des années, contre cette politique", a-t-il ajouté expliquant que "l'objectif d'Israël est d'asseoir sa domination sur toute la région, de l'Océan au Golfe, et de l'exploiter économiquement au service de ses intérêts et de ceux de ses alliés". Rappelant que "les relations entre l'entité sioniste et le Palais royal n'étaient ni récentes, ni la résultante de la vague de normalisation dans le monde arabe", il a précisé qu'elles "remontent aux années 50 du siècle passé". Il a cité, dans ce sens, "l'ouverture d'un bureau de renseignement secret du Mossad à Rabat, rapportée par certaines sources". Lire aussi: Lamine Abaali: la décision de Trump, un cadeau empoisonné pour le Maroc "Après le décès (ou l'assassinat du roi Mohamed V par son fils Hassan II, selon Gilles Perrault dans son livre ‘Notre ami le roi'), ce bureau a eu à jouer un rôle important dans la protection du souverain marocain et le renforcement des relations entre les deux régimes ", a poursuivi l'expert. Et d'ajouter: "tous les documents disponibles sur ces liens "montrent que Hassan II avait fourni des informations militaires capitales ayant permis à Israël de vaincre l'armée égyptienne en 1967". Soulignant également "le rôle crucial" du souverain marocain dans la préparation de la visite du président Anouar Es-Sadate en Israël, il a assuré que les données et les preuves sont nombreuses sur ces relations "solides" et sur la coopération militaire entre les deux parties. Après avoir cité, dans ce sens, "l'assistance apportée par des experts israéliens au Palais royal pour l'édification du mur de séparation au Sahara occidental", il a estimé que "ce mariage" avait été scellé depuis les années 60 et que le pas entrepris récemment n'est qu'une officialisation, qui avait été ajournée". Une décision qui ne change en rien la nature de la question sahraouie Concernant la décision du président américain sortant, Donald Trump sur la reconnaissance de "la souveraineté" présumée du Maroc sur le Sahara Occidental occupé, l'expert a soutenu qu'elle "est sans effet ou incidence, et ce, pour trois considérations". La première étant que "la question sahraouie est inscrite au niveau de tous les organisations internationales comme question de décolonisation, et par conséquent, la décision d'un chef d'Etat, même d'une grande puissance, ne change en rien la nature de la question", a-t-il expliqué. Lire aussi: La déclaration de Trump "n'affectera pas la résistance sahraouie" La deuxième est liée, a-t-il poursuivi, à la situation interne des Etats Unis "en ce sens que le mandat de Trump reste une page noire dans l'histoire de ce pays démocratique". "Pour les observateurs, cette période sera mise entre parenthèses et les (nouveaux) dirigeants des Etats Unis veilleront à ce qu'elle ne se reproduise plus à l'avenir", a-t-il encore dit estimant que "toutes les décisions prises durant le mandat de Trump seront reconsidérées, annulées ou simplement ignorées". Quant à la troisième, elle consiste dans le fait que cette décision "est venue duper l'opinion publique marocaine en lui faisant croire que ce ‘deal' politique (l'établissement de relations diplomatiques avec Israël en contrepartie de la reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental en plus des aides financières et militaires) apporte énormément au Maroc confronté à une contrainte financière et à un effondrement économique sans précédent". En somme, dira cet expert en questions géostratégiques, cette décision "n'a aucun effet pour la simple et unique raison, connue de tout un chacun, est que cette question est celle du peuple sahraoui et que lui seul décide du sort de son pays". L'adhésion du Maroc à l'UA, une reconnaissance en soi de l'indépendance du Sahara Occidental S'agissant du rôle de l'UA dans le règlement du conflit au Sahara Occidental après la réinscription de ce dossier au Conseil de paix et de sécurité de (CPS), M. Adimi a affirmé que "l'adhésion du Maroc à l'UA et la signature de son Acte constitutif (2017), qui comporte la liste des pays fondateurs, dont la République arabe sahraouie démocratique (RASD), constitue une reconnaissance implicite par le Maroc de l'existence et de l'indépendance de ce pays membre". Cette adhésion, a-t-il souligné, "impose au Maroc le respect des principes fondateurs édictés dans l'Acte constitutif de l'Union, dont l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation et le non recours à l'usage de la force entre les Etats membres". Pour lui, l'acceptation par le Maroc des clauses de l'Acte constitutif de l'UA "est une admission de 'la légalité internationale', une reconnaissance implicite voire une victoire pour la cause sahraouie". Lire aussi: Brahim Ghali: l'adhésion du Maroc à l'UA, une reconnaissance de la réalité sahraouie Mieux encore, le Dahir (loi) numéro 1.17.02 publié au Journal officiel du Royaume du 31 janvier 2017 reprend intégralement l'Acte constitutif de l'UA devenant ainsi contraignant pour le Royaume, a-t-il ajouté. Un texte de loi qui reprend "la liste des chefs d'Etat et de Gouvernements de l'UA, dont le Président de la RASD (...) ce qui est, a-t-il dit, une reconnaissance explicite de la RASD par le Maroc". Partant, poursuit l'expert, "le Roi Mohammed VI est tenu, soit de respecter des engagements et de reconnaître le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, soit de quitter l'UA pour transgression d'articles". Estimant qu'il y va aujourd'hui de "la crédibilité" de l'UA, l'expert a conclu que celle-ci "est obligée de jouer son rôle d'organisation régionale s'employant à désamorcer les conflits et à traiter les crises conformément au Droit international ou se taire face à l'agression par le Marco d'un territoire qui ne lui appartient pas".