Au four et au moulin depuis le début de la saison hivernale, les services de la Protection civile de Aïn Defla ne cessent de sensibiliser les citoyens sur les dangers liés à l'intoxication au monoxyde de carbone (CO), un phénomène qui, chaque année, cause de nombreuses victimes, dont la plupart passent à trépas pendant leur sommeil. A la faveur des campagnes ciblant les écoles, les résidences universitaires, les centres de formation professionnelle mais, surtout, les cités dont les habitants ont récemment fait l'objet de relogement (par le passé, ils habitaient dans des bidonvilles et ne connaissent, par conséquent, rien au gaz de ville), l'accent a été mis sur la nécessité de l'observation des gestes préventifs en vue de les préserver du "tueur silencieux". "A peine avons-nous appris que des familles allaient être relogées dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP) que nous faisons preuve d'anticipation, leur expliquant les gestes qu'il y a lieu de faire pour éviter de faire les frais du +tueur silencieux+", a confié à l'APS le chargé de communication de la direction de la Protection civile de Aïn Defla, le capitaine Kamel Hamdi. "Il est clair que lorsque les températures baissent, les risques d'intoxication au monoxyde de carbone augmentent, exacerbé par l'absence d'aération du fait que les gens ferment vitres et portes pour se prémunir du froid, d'où la pertinence de notre action", a-t-il observé. Se référant à son expérience acquise à la faveur de longues années de présence sur le terrain, M. Hamdi a noté que les principales sources d'intoxication identifiées sont les chaudières au gaz ou au fioul, auxquelles s'ajoutent des facteurs favorisants tels qu'une mauvaise aération, un défaut de l'appareil, d'entretien de l'installation, ou d'évacuation des gaz brulés. "Des gestes simples contribuent pourtant à réduire les risques liés à l'intoxication au monoxyde de carbone tels la vérification et l'entretien des installations de chauffage, de production d'eau chaude et des conduits de fumée par un professionnel qualifié ainsi que l'aération de l'appartement, au moins dix minutes chaque jour", a-t-il observé, regrettant que le nombre de victimes soit toujours aussi élevé en dépit des campagnes de sensibilisation menées. Outre les citoyens ayant récemment bénéficié de logements, les campagnes de sensibilisation de la Protection civile touchent les centres de formation professionnels ainsi que les cités universitaires, a fait savoir M. Hamdi. Un gaz incolore, inodore, toxique et mortel Se diffusant très vite dans l'environnement et pouvant être mortel en moins d'une heure, le monoxyde de carbone est un gaz asphyxiant qui se fixe sur les globules rouges et les empêche de véhiculer correctement l'oxygène dans l'organisme, a expliqué le spécialiste des maladies respiratoires et allergiques au sein de l'Etablissement Public Hospitalier (EPH) de Aïn Defla, Dr Belabassi Omar, signalant que la gravité de l'intoxication dépend de la quantité de CO fixée par l'hémoglobine. "Les premiers signes d'une intoxication peuvent être assez anodins, ne suscitant souvent pas d'inquiétude outre mesure comme les maux de tête, nausées et fatigue", a-t-il énuméré, observant que ces signes précèdent d'autres plus aigües à l'instar des vomissements, convulsions, perte de connaissance et hallucinations. Il a noté que l'intoxication aiguë entraînant une intervention des secours en urgence se manifeste par des vertiges, une perte de connaissance, une impotence musculaire, voire un coma prélude au décès, faisant remarquer que même si ce dernier ne survient pas, des séquelles neurologiques peuvent également apparaître plusieurs semaines après l'intoxication aigüe. "Même si elle ne cause pas de décès, une intoxication grave peut laisser des séquelles neurologiques, telles les migraines, troubles de la coordination, paralysies ainsi que perturbation du développement cérébral des enfants avec atteinte intellectuelle", a-t-il détaillé. Observant que le monoxyde de carbone est un gaz "facilement" absorbable au niveau pulmonaire, il a expliqué que celui-ci gagne la circulation sanguine, entrant en "compétition" avec l'oxygène. Lire aussi: Intoxications au CO: une mauvaise installation des chauffages "L'affinité du monoxyde de carbone pour l'hémoglobine est 230 fois supérieure à celle de l'oxygène, d'où la facilité pour le premier à s'y fixer, formant avec ce pigment respiratoire une molécule stable, et entraînant par ricochet une diminution de la capacité sanguine à transporter l'oxygène, un état de fait à l'origine d'une asphyxie parfois mortelle", a-t-il expliqué. Le Dr Belabassi, également responsable du service de mise en quarantaine des malades présentant des symptômes du nouveau coronavirus (covid-19) au sein du même établissement hospitalier a, par ailleurs, mis en garde contre toute réduction des dangers de l'intoxication au monoxyde de carbone en ces temps de pandémie du nouveau coronavirus. "Certes, les gens sont à l'affût des informations se rapportant au nouveau coronavirus, particulièrement ce qui a trait à l'acquisition du vaccin y afférent, mais il ne faut absolument pas que cet état de fait les incite à baisser de leur vigilance et à réduire des dangers de l'intoxication au monoxyde de carbone dont la négligence peut avoir des répercussions extrêmement graves", a-t-il averti. Pour nombre de citoyens rencontrés par l'APS, la présence d'un détecteur de monoxyde de carbone dans la maison est une solution efficace pour prévenir une intoxication au CO causée par un appareil de chauffage défectueux, observant que lors des opérations se rapportant à l'immobilier, les gens n'ont pour point de mire que l'aspect financier. "A l'occasion de la vente ou de l'achat d'un logement, rares sont les personnes qui recourent à un diagnostiqueur certifié à même de leur dresser un état des installations afférentes au gaz de ville, une omission qui pourrait s'avérer préjudiciable à plus d'un titre", a-t-on soutenu à l'unisson.