Les autorités marocaines ont interdit une série de manifestations prévues dans le Royaume auxquelles a appelé des organisations et des militants pour célébrer le 10e anniversaire du "Mouvement du 20 février", déclenché en 2011, pour réclamer une série de réformes profondes sur les plans politique, économique, social et culturel, rapportent plusieurs médias locaux. Selon les médias et les réseaux sociaux, les autorités marocaines ont dispersé samedi des manifestants dans la capitale Rabat, à Fés, Casablanca, Tanger, Tétouan et à Fnideq ainsi que dans d'autres villes du pays où les militants ont appelé à manifester. Les autorités justifient cette interdiction par l'état d'urgence sanitaire en vigueur dans le pays en raison de la pandémie du Covid-19, et la décision du gouvernement de respecter les mesures préventives pour empêcher la propagation du virus dont l'interdiction des réunions et rassemblements dans les espaces publics. Des organisations politiques et syndicales composant le front social marocain avaient déjà appelé à des manifestations samedi coïncidant avec le 10e anniversaire du mouvement contestataire de février 2011, né dans le sillage des "révolutions arabes" ayant touché certains pays. Et les participants aux rassemblements ayant pu avoir lieu dans quelques villes marocaines, bravant l'interdiction des autorités, ont scandé des slogans contre le régime marocain et sa politique de la "sourde oreille" à l'égard des revendications de la société marocaine qui jusqu'ici, n'ont pas été satisfaites. Plus de 40 villes s'apprêtaient à organiser des marches de protestations samedi et dimanche pour renouveler les revendications du "Mouvement du 20 février" (M20), selon les médias locaux. Dans la capitale, les forces de l'ordre marocaines ont entravé le sit-in annoncé à Bab El Had. Quelques poignées de militants qui ont bravé l'interdit, ont cependant réussi à se rassembler et des échauffourées avec des manifestants décidés à manifester ont été signalés. Dans d'autres villes et localités, les appels aux rassemblements ont été suivis de mesures d'interdiction pour "non-respect des dispositions légales relatives à l'organisation de rassemblements publics" et pour "non-respect du décret relatif à l'annonce de l'état d'urgence sanitaire". De plus, les autorités locales et provinciales ont indiqué dans chacune de leur décision que "tout rassemblement sur la voie publique est constitutif d'une menace pour la sécurité et potentiellement attentatoire à l'ordre général". Le 20 février 2011, des milliers de Marocains sont descendus dans les rues du Royaume, sur la base d'une invitation lancée par un mouvement formé par la jeunesse marocaine issue d'organisations politiques et des indépendants via les plateformes de médias sociaux, réclamant notamment la justice sociale, la liberté et la dignité, ainsi que la poursuite des personnes impliquées dans des affaires de corruption, d'abus d'influence et de pillage de richesses dans le pays. Le M20 comprend des militants appelant à des réformes dans le pays. Des forces politiques et des droits de l'Homme l'ont rejoint par la suite. Ce mouvement de contestation dit que ses membres "sont des Marocains qui croient au changement" et leur objectif est "de vivre dignement dans un Maroc libre et démocratique". Le Mouvement pro-démocratie est composé de trois groupes à savoir: "Liberté et démocratie maintenant", "Le peuple veut du changement" et "Pour la dignité, le soulèvement est la solution", dans le but de restaurer la dignité du peuple marocain. Lire aussi: Le comité de soutien de Maâti Monjib dénonce la "logique de répression" du régime marocain Dans ce contexte du 10e anniversaire du "Mouvement du 20 février", le journal français Le Monde a, dans son édition de mercredi dernier, relevé que la situation de la jeunesse marocaine est restée précaire, le pouvoir jouant tantôt sur la peur tantôt sur le laisser-aller afin de maintenir une certaine paix sociale. "Dans ces espaces que le Conseil économique, social et environnemental marocain qualifie, depuis 2013, de foyers grandissants d'insécurité et de tensions sociales, le pouvoir répond tantôt par la répression, tantôt par un laisser-faire nécessaire au maintien d'une certaine paix sociale", a relevé le quotidien. "En 2011, alors que les foules (...) sont dans les rues en Tunisie, en Egypte et au Yémen, le pouvoir marocain est secoué par les manifestations du Mouvement du 20 février. Afin de calmer la contestation, Rabat a fini par organiser un référendum sur la Constitution, puis un scrutin législatif, annonçant un début de démocratisation", a rappelé Le Monde. "Dix ans plus tard, peu de choses ont changé. Pour les quartiers défavorisés, la vraie révolution n'a pas eu lieu", a-t-il constaté.