Les manifestants ont scandé des slogans pour la libération des détenus et dénoncé l'usage de la violence à leur égard par les forces de l'ordre. Les autorités marocaines ont interdit, des sit-in prévus samedi et dimanche dans 23 villes du Maroc pour commémorer le 10e anniversaire du Mouvement du 20 Février (M20F), justifiant la décision par "l'état d'urgence sanitaire" et "le non-respect des dispositions légales liées aux rassemblements". À Rabat, les forces de l'ordre ont fait usage de la force pour empêcher le sit-in tenu à Bab El Had, alors que des dizaines de militants se rassemblaient sur place. L'intervention des forces de sécurité qui ont également été mobilisées et réparties dans les différentes rues principales de la ville, s'est soldée par des blessés parmi les manifestants, dont certains qui ont dénoncé des "coups de pieds" reçus lors de cette intervention, selon la presse locale. Les manifestants de tous âges ont scandé des slogans pour la libération des détenus, dénoncé l'usage de la violence à leur égard par les forces de l'ordre , en revendiquant leur droit de tenir leur sit-in de protestation pacifique. "Liberté immédiate pour le détenu politique", ont-ils crié, en s'adressant aux forces de l'ordre en ces termes : "Vous ne savez faire que réprimer" et "c'est de notre droit de manifester pacifiquement" et "où voulez vous mener le Maroc, vers les années de plombs et de la répression ?". A Ksar El Kébir, le pacha de la ville (gouverneur) a décidé d'interdire un sit-in prévu dimanche à la place Sidi Allal Benabdellah de 18h à 19h30, ont indiqué les médias marocains. Et d'expliquer : "Selon la décision du ‘pacha', cette interdiction est justifiée par le non-respect des dispositions légales relatives à l'organisation de rassemblements publics" et le "non-respect du décret relatif à l'annonce de l'état d'urgence sanitaire". "Le rassemblement dans une place publique pourrait constituer une menace pour la sécurité et d'atteinte à l'ordre général", précise la même décision. Les mêmes arguments ont été également évoqués dans une décision de la ville de M'Diq, ajoutent les mêmes sources. Le Mouvement du 20 Février (M20F) qui est célébré aujourd'hui au Maroc est né en 2011 dans le sillage du "printemps arabe" à l'appel d'une jeunesse engagée avait pour principales revendications : la démission du gouvernement, une réforme constitutionnelle, la séparation de l'économie et de la politique ainsi que la consolidation des droits de l'homme. La célébration de l'esprit du 20 Février intervient dans un contexte socio-économique difficile aggravé par la situation sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 qui a jeté des pans entiers de la population dans le chômage et la précarité. À cela s'ajoute une situation délétère des libertés individuelles et collectives, notamment une "régression des libertés" et des "méthodes d'intimidation pires que celles des ‘Années de plomb'", que dénoncent de nombreux défenseurs des droits humains. Ainsi, le Comité de soutien du journaliste d'investigation et défenseur des droits de l'Homme, Maâti Monjib, condamné par la justice marocaine à la prison ferme, a appelé samedi à sa libération "immédiate" et dénoncé la "logique de répression" du régime marocain menée contre les journalistes et toutes les voix critiques. "Les nouvelles méthodes auxquelles le pouvoir marocain a recours pour intimider les opposants sont indignes : certains journalistes sont dénoncés comme voleurs, d'autres sont accusés de viol, l'objectif étant de porter atteinte à leur intégrité morale (...) La calomnie devient une arme de destruction de la réputation et de la crédibilité de ceux qui osent critiquer les turpitudes de ce pouvoir", s'est indigné le comité de soutien constitué de plusieurs personnalités internationales dont des journalistes, professeurs, écrivains, défenseurs des droits de l'Homme et diplomates, dans une tribune au journal "Libération".