L'annonce du gel des activités de l'ONG Droits de l'Homme sans frontières (DHSF), de droit argentin, dans les pays d'Amérique Latine et d'Afrique du Nord, constitue un véritable camouflet pour le régime marocain, qui utilise souvent cette organisation pour s'attaquer au Front Polisario. Le DHSF a dans un communiqué publié le 20 mars sur son site web, annoncé "suspendre la publication au nom de l'institution de rapports, déclarations et avis en lien avec la situation des droits de l'Homme dans les pays d'Amérique Latine et d'Afrique du Nord" sur fond de scission dans ses rangs. Le communiqué en question, outre qu'il prévoit la révision des statuts de DHSF sur la base de propositions attendues dans 30 jours d'un panel de juristes désignés à cet effet, annonce la décision du Conseil d'administration de l'ONG de "ne pas apporter sa caution aux déclarations émises par les membres du Conseil, en particulier par son directeur ad intérim, le Chilien Juan Carlos Moraga Duque". Et de préciser dans ce sens, que les opinions de Juan Carlos Moraga Duque "n'engagent que sa personne", mettant ainsi un terme à l'instrumentation par ce dernier de DHSF à des fins de propagande pour servir les intérêts du Maroc et de ses alliés latino-américains notamment en ce qui concerne la question du Sahara occidental. Comme de coutume, les médias proches du makhzen au Chili et en Argentine, tout en regrettant la teneur du communiqué, ont imputé ce revirement d'une partie du Conseil d'administration de DHSF aux pressions exercées par le Venezuela (gouvernement et opposition) ainsi que par des éléments présentés comme "sympathisants du Front Polisario". Notant que lorsque cette proposition d'"élargissement" a été soulevée, une discussion s'est engagée au sein du DHSF, et des dénonciations sont également exprimées sur "l'intention cachée de Moraga d'utiliser cette organisation au profit de l'une des parties en question: le Maroc, au détriment du Front Polisario". C'est ainsi que DHSF a tenu à préciser également dans son communiqué que "les déclarations de Moraga contre le Front Polisario sont pratiquement désavouées", l'accusant d'utiliser sa position et le nom du DHSF en faveur du Maroc. Par ailleurs, un article publié récemment sur le site d'information portalnoticioso.net depuis l'Argentine, a rapporté que, depuis un an, une véritable lutte idéologique s'est engagée à l'intérieur du DHSF où, des secteurs liés à l'ultra-gauche qui défend le Front Polisario, ont coïncidé avec l'ultra-droite qui attaque le gouvernement de Nicolas Maduro, dirigé par Maria Corina Machado, pour critiquer les rapports, tant en ce qui concerne le Venezuela que le Sahara occidental. Pour rappel, le Comité Argentin d'Amitié avec le Peuple Sahraoui avait dénoncé en octobre dernier un rapport mensonger de DHSF sur le Sahara occidental. "Loin de lutter pour la défense des droits humains, l'organisation DHSF, applaudit ceux qui les piétinent et les violent au quotidien, à l'instar du Maroc, pays usurpateur qui occupe illégalement les territoires sahraouis depuis près d'un demi-siècle", avait réagi le Comité argentin qui dit être dans "l'obligation" de répondre aux allégations colportées par cette ONG, relayées par certains médias. Pour sa part, l'analyste politique chilien, Esteban Silva Cadra, avait dénoncé récemment DHSF comme une organisation de "façade" pour diffuser la position des porte-paroles de la monarchie marocaine en Amérique latine, qui utilisent politiquement la question des droits de l'Homme pour discréditer le Front Polisario et ses partisans auprès des gouvernements et des mouvements sociaux et politiques solidaires avec la cause du peuple du Sahara occidental", occupé par le Maroc depuis 1975. Esteban Silva Cadra, sociologue et président du groupe chilien d'amitié avec la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), avait déclaré à ce propos: "Lorsque nous avons enquêté sur l'origine de cette entité (DHSF), nous avons découvert qu'il s'agissait d'une +créature virtuelle+ totalement inconnue des institutions et des mouvements des droits de l'Homme en Argentine comme au Chili et dans d'autres pays d'Amérique du Sud.