Le pédagogique, Ahmed Tessa a appelé mercredi à une refonte du système éducatif en optant pour un système basé sur la réflexion et le développement des capacités intellectuelles de l'élève, affirmant que le système d'évaluation avec examens et notation "encourage à tricher". Dans une déclaration à l'APS après l'annonce par le ministère de la Justice de poursuites judiciaires contre 22 personnes pour fraude aux épreuves du Baccalauréat 2021, M. Tessa a souligné que "le phénomène de la triche aux examens a toujours existé, seulement les moyens diffèrent", précisant que les études psychologiques ont prouvé que "l'Homme est attiré par l'interdit". Les mesures strictes prises pour sécuriser l'examen du Bac "sont de nature à inciter les élèves à la triche par des moyens classiques ou modernes", a-t-il ajouté, en appelant à la refonte du système éducatif en optant pour un système basé sur la réflexion et conforme aux nouvelles méthodes d'enseignement. Il a rappelé, à ce propos, que le système d'évaluation par les examens adopté par l'Algérie à l'instar de plusieurs pays francophones, remontent au 19ème siècle et a été crée par la France à l'époque de Napoléon Bonaparte. Evaluer les élèves à travers les examens serait, selon l'expert, "une méthode fausse", étant donné qu'il existe d'autres méthodes plus efficaces et moins coûteuses, appelant à favoriser le développement des capacités intellectuelles de l'élève en l'incitant à la réflexion, à la critique et à l'argumentation pour stimuler sa créativité". Cette option est, selon M. Tessa, moins coûteuse par rapport aux examens nationaux qui coûtent "environ 200 milliards de centimes annuellement sans compter les mesures sécuritaires les accompagnant". Il a estimé que ces frais peuvent être évités si des méthodes modernes et étudiées sont adoptées d'autant que "50 à 60% des bacheliers refont la première année universitaire". M. Tessa a rappelé que les examens nationaux qui s'étalent sur près de deux mois influent sur les connaissances acquises par l'élève, précisant que ce retard est estimé par les spécialistes à près de deux ans sur un total de 13 ans d'études. Pour sa part, Fatiha Bacha, membre du bureau national de l'Association nationale des parents d'élèves (ANPE) explique le phénomène de triche aux examens par le "déclin des valeurs morales et religieuses des élèves et de la famille en général", appelant à "actualiser le système éducatif de manière à employer les compétences individuelles de l'élève". Le ministère de la Justice avait annoncé, mardi dans un communiqué, que 22 individus étaient poursuivis en Justice pour triche aux épreuves du BAC avec mandat de dépôt pour 18 d'entre eux.Trois de ces accusés ont été condamnés à une année d'emprisonnement ferme assortie d'une amende de 100.000 DA en attendant le procès des autres mis en cause", selon la même source. Ces cas de triche ont été traités par les compétences des Cours de Tébessa, Ghardaïa, Sétif, Tissemsilt, Chlef, Béchar et Djelfa. Lire aussi: Bac 2021: Les sujets de langue arabe et d'éducation islamique abordables Les faits attribués aux accusés, concernent "la diffusion et la fuite de sujets d'examens du BAC par le biais de moyens de communication à distance, ce sont les faits dont la majorité a été détectée par l'Organe national de lutte contre les infractions liées aux TIC, qui reste à l'affût pour garantir une sécurisation totale de ces examens". Le Code pénal amendé en 2020 stipule emprisonnement et amende à l'encontre des tricheurs selon ce que prévoit le chapitre 9 du Journal officiel n 25 publié le 29 avril 2020 sur "L'atteinte à l'intégrité des examens et concours", conformément à l'art. 253 bis 6 du code pénal, est passible d'emprisonnement d'un (1) an à trois (3) ans et d'une amende de 100.000 DA à 300.000 DA, quiconque diffuse ou divulgue, avant ou pendant les examens ou les concours, les questions et/ou corrigés des sujets d'examens finaux d'enseignements primaire, moyen ou secondaire ou des concours de l'enseignement supérieur ou de la formation et de l'enseignement professionnels ainsi que des concours professionnels nationaux. Est passible des mêmes peines, quiconque se substitue au candidat lors des examens et concours. L'art. 253 bis 7 stipule que la peine est l'emprisonnement de cinq (5) ans à dix (10) ans et l'amende de 500.000 DA à 1.000.000 DA, si les actes mentionnés à l'article 253 bis 6 sont commis par les personnes chargées de préparer, d'organiser, d'encadrer et de superviser les examens et les concours, ou un groupe de personnes, ou l'utilisation d'un système de traitement automatisé des données ou l'utilisation des moyens de communication à distance. Le même chapitre stipule également qu'"il est procédé à la confiscation des instruments, programmes et moyens utilisés dans la commission des infractions prévues par le présente chapitre, ainsi que les fonds en résultant et à la fermeture du site ou du compte électronique utilisé dans la commission de l'infraction ou à l'interdiction de l'accès à ce site et à la fermeture des locaux et lieux d'exploitation dans le cas où le propriétaire a eu connaissance de l'infraction". De son côté, le ministère de l'Education nationale prend d'autres mesures coercitives concernant la triche au Baccalauréat, en interdisant le candidat régulier de participer à cet examen pour une durée de 5 ans, tandis que le candidat libre est interdit d'y participer pour une durée de 10 ans.