Le quotidien Le Monde a consacré dans son édition du mardi un dossier sur l'affaire lié au logiciel espion "Pagasus" dans lequel a démontré comment un programme censé lutter contre le terrorisme était massivement utilisé pour surveiller les sociétés civiles par plusieurs pays, dont le Maroc. Une enquête internationale de 6 mois réunissant 17 médias, dont "Le Monde", montrent que cet outil, baptisé "Pegasus" officiellement destiné à lutter contre le terrorisme, est massivement utilisé pour surveiller les sociétés civiles. Depuis 2016, 50 000 téléphones ont été sélectionnés comme cibles, un millier en France, notamment pour le compte du Maroc. Hommes politiques, avocats, militants et journalistes sont les premières victimes. C'est un annuaire "ahurissant", dans lequel se trouve un chef d'Etat et deux chefs de gouvernement européens, des dizaines de députés de l'opposition d'un pays africain, des princes et des princesses, des chefs d'entreprise, quelques milliardaires, des ambassadeurs, des généraux. Et puis, aussi et surtout, des centaines de journalistes, d'avocats, de militants des droits de l'Homme. Depuis sa création, en 2011, l'entreprise israélienne NSO vend son logiciel comme un outil destiné uniquement à la lutte contre le terrorisme. Or, l'analyse des données consultées par Le Monde et ses partenaires montre que, pour une grande partie des clients de NSO, terrorisme et grand banditisme ne constituent qu'une infime partie des utilisations. En France comme dans les pays qui ont acheté l'accès à ce logiciel espion, c'est aussi et surtout la société civile qui est visée : des athlètes, des prêtres et des imams, des journalistes, des youtubeurs, des avocats. Lire aussi: Affaire "Pegasus" : des personnalités françaises espionnées par le Maroc pour leur soutien à la cause sahraouie A la suite des révélations sur Pegasus, beaucoup de journalistes, d'hommes politiques, d'hommes d'affaires et de militants se demandent si leur smartphone a pu être surveillé par les Etats qui en sont clients : le Maroc, la Hongrie, Bahreïn, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, la Hongrie, et plusieurs autres pays. Au Maroc, les numéros de nombreux journalistes marocains ont été sélectionnés comme cibles potentielles par le logiciel en question. Les listes de numéros de téléphone sélectionnés comme des cibles potentielles dans l'outil de NSO par plusieurs de ses clients, que l'organisation Forbidden Stories et Amnesty International ont partagées avec dix-sept rédactions, dont Le Monde, confirment qu'un service de sécurité marocain a utilisé Pegasus pour viser, de manière systématique, des journalistes critiques du pouvoir, et des dirigeants des grandes rédactions du pays. Les journalistes marocains ne sont pas les seuls à intéresser les services de renseignement du royaume. Une trentaine de journalistes et de patrons de médias français figurent sur la liste des cibles de Pegasus. En Inde, depuis 2016, une trentaine de journalistes indiens ont été espionnés à travers leurs smartphones grâce au même logiciel. Au moins vingt cinq reporters mexicains sont aussi sur les listes. Parmi les numéros ciblés figurent les grandes rédactions du pays, ainsi qu'un correspondant du New York Times. En Hongrie, la société civile est également sous contrôle. Hommes d'affaires et patrons de presse figurent parmi les 300 numéros ciblés pour le compte de Budapest, bien qu'elle nie les faits.