Le Tassili N'ajjer a marqué en lettres d'or, à l'instar du reste des régions du pays, l'histoire d'Algérie, avec ses nombreux mouvements de résistance populaire menées face à l'invasion coloniale pour recouvrer la liberté et la souveraineté nationale. La bataille de Djanet a été l'une de ces épopées ayant jalonné l'histoire de l'Algérie et que livrèrent le 13 octobre 1915 les Moudjahidine de la région contre les forces coloniales pour mettre en échec ses desseins visant à asseoir sa domination sur le Sahara algérien, le séparer du reste du pays et spolier ses richesses. Des études et recherches en histoire du mouvement de la révolution algérienne révèlent que cette bataille a été déclenchée pour briser la mainmise du colonialiste français sur la région de Djanet dont les tribus touarègues se sont fédérées sous la houlette de Cheikh Amoud Agh-Mokhtar (1859-1928). Selon des études, cette personnalité historique a réussi à sensibiliser, grâce à sa bravoure et à son aura parmi les tribus locales, les populations de la région à adhérer à sa démarche et à la mise en œuvre de ses stratégies militaires contre les forces coloniales. Ayant confié les missions militaires à ses commandants et compagnons, représentant les différents tribus, Cheikh Amoud a opté pour des actions éclairs et de repli, les embuscades contre les convois d'approvisionnement coloniaux, ainsi que les attaques commandos surprises en évitant la confrontation directe en raison de l'inégalité des forces. La résistance des Touaregs, conduit par Cheikh Amoud, a été si forte que les forces coloniales ont essuyé de nombreuses pertes humaines et matérielles, comme relayé par les recherches sur l'Histoire de l'Algérie. Abondant dans le même sens, le chef de bureau de l'Organisation nationale de sauvegarde de la mémoire et la transmission du message des Chouhada de la wilaya d'Illizi, l'enseignant Belkheir Mefissal a mis en avant le rôle important des hommes et femmes de la région dans la lutte contre le colonialisme français, à travers cette épopée historique qui a duré dix-huit (18) jours, sous le commandement de Cheikh Amoud et Hadj Brahim Bekedda. "Cette bataille constituait un tournant décisif dans l'histoire de la lutte algérienne contre l'occupant français qui a abouti, avec d'autres résistances populaires et actions révolutionnaires sporadiques à travers le pays, au déclenchement de la Guerre de libération nationale, le 1er Novembre 1954. Il a soutenu que "cette bataille inégale, au plan humain et matériel, a démontré au monde la résistance et la bravoure des Touaregs du Tassili N'Ajjer, fin stratèges et connaisseurs du désert, qui ont tout fait pour freiner l'invasion des forces coloniales dans le Sahara qui aura ainsi été la tombe de milliers de soldats français, éliminés lors d'embuscades et accrochages. Djanet, canal d'approvisionnement de la Révolution en armes Le mérite de la résistance de la région du Tassili N'Ajjer tient en partie au fait qu'elle a réussi, pendant la Guerre de libération nationale, en plus de combattre les forces coloniales françaises, à constituer un des nombreux canaux d'approvisionnement de la Révolution en armes, acheminées via des pays limitrophes. Cette contribution de Djanet à la Révolution ne s'est pas limitée à cette bataille et ses répercussions sur l'activité militante, mais a porté également sur l'approvisionnement des moudjahidine de différentes régions du pays en armements et munitions et en aides multiformes, aidé en cela par sa position géostratégique à proximité de plusieurs pays frères et amis, faisant d'elle une zone de transit d'armes. La chercheur Djamila Ibba raconte, s'appuyant sur des témoignages de son oncle le moudjahid Ali Ibba Ben Hadj Senoussi qui avait vécu ces évènements historiques aux frontières algéro-libyennes, que les moudjahidine de la région sécurisaient les opérations d'acheminement d'armes de pays voisins soutenant la révolution algérienne, à l'instar de la Tunisie, la Libye et l'Egypte, et le faire parvenir aux moudjahidine de différentes régions du pays. Ce qui a poussé les autorités coloniales à intensifier leurs patrouilles de contrôle et d'isolement de la bande frontalière Sud-est, sans pour autant affecter la détermination des révolutionnaires qui ont su adapter leurs activités par divers artifices de camouflage afin d'échapper à l'attention des forces coloniale. Le but étant de permettre aux moudjahidine d'ouvrir des brèches et des accès pour l'acheminement d'armes, munitions et ravitaillements, via des caravanes de dromadaires, précédées par des éclaireurs dont le moindre signalement de la présence de soldats ennemi, donnait lieu à l'enfouissement des cargaisons sous le sable et leur repérage pour revenir plus tard les récupérer. A la lumière de ces témoignages, et d'autres, sur le rôle de la région du Tassili, alors relevant de la wilaya six (6) historique apparaît toute son importance en tant que maillon important dans le processus d'armement de la Révolution et de base logistique de ravitaillement des moudjahidine et résistants à travers le pays.