Consacrer l'autonomie financière des Assemblées populaires communales (APC) est le principal enjeu pour les formations politiques engagées dans les élections locales du 27 novembre et dont les discussions tournent essentiellement autour des moyens de parvenir à des communes créatrices de revenus et de richesses. Les membres de plusieurs formations politiques interrogés par l'APS à ce sujet ont été unanimes quant à l'impératif de passer de l'exécution des programmes locaux avec des fonds provenant exclusivement du Trésor à la création de projets et d'investissements générateurs de revenus au niveau local. Selon Safi Larabi du parti du Rassemblement national démocratique (RND), celui-ci est totalement convaincu de la nécessité d'œuvrer à ériger la commune en levier de développement et de revoir les mécanismes de gestion de la fiscalité locale pour identifier les points forts des communes et pouvoir remédier aux disparités qui existent entre elles. Les futurs élus locaux devront s'employer à apporter une plus-value en faisant preuve d'esprit d'initiative et en prenant des décisions dans le cadre d'un contrôle strict conformément à la loi, a-t-il estimé, appelant à conférer aux élus le pouvoir décisionnel concernant les autorisations, les crédits et l'accélération de l'étude des projets. De son côté, le président du parti Sawt Echaâb, Lamine Osmani, a affirmé que les APC et les APW (assemblées populaires de wilaya) peuvent créer de la richesse et gérer leurs infrastructures à partir de leurs recettes locales, en réservant les fonds du Trésor au financement des grands projets. Lire aussi: Elections locales: les candidats appellent les citoyens à choisir les compétences Cela étant, il s'agit d'abord de saisir le rôle dévolu à la commune dans le cadre de la gestion algérienne en fonction de la variation des besoins des citoyens, mais aussi de connaître le type d'APC/APW le mieux adapté. "Nous avons besoin d'une APC qui puisse sortir de son rôle classique, limité seulement à la distribuer les logements, aménager les routes et distribuer le Ramadhan", a-t-il ajouté, soulignant l'importance de préparer les collectivités pour accéder au monde de l'économie numérique, à la gestion économique, et à lancer une réflexion pour permettre à ces institutions de passer d'un stade de collectivités budgétivores à un stade de collectivités créatrices de richesses. Pour concrétiser cette démarche, il faudra, selon M. Osmani, libérer les initiatives locales et de conférer aux communes les prérogatives d'établir des relations économiques avec les banques et de conclure des partenariats avec le secteur privé. Le président du parti Sawt Echaâb a également plaidé pour l'encouragement de la complémentarité entre les communes à faible budget, mais riches en ressources naturelles et en assiettes foncières, et celles dotées d'un budget confortable leur permettant de réaliser de véritables pôles industriels et de créer des entreprises productives dans plusieurs domaines. Gestion des assemblées locales: recourir à l'expertise de conseillers économiques M. Osmani a plaidé, par ailleurs, pour une gestion économique des APC à travers notamment le recours à l'expertise de conseillers économiques et la valorisation des ressources humaines locales. Dans ce cadre, le membre du bureau politique du Front El Moustakbal, Fateh Boutbig a mis en avant la nécessité de renouer avec les collectivités locales autonomes en matière de concrétisation des facteurs de force, préconisant un nouveau découpage du territoire en vue de concrétiser les objectifs économiques locales et accorder le rôle essentiel au citoyen pour la création et l'innovation. La commune constitue le point de départ de tout processus de développement, selon les expériences de différents pays à travers le monde en matière de développement local, a indiqué l'intervenant. A cet effet, il a appelé à encourager la création de micro entreprises dans plusieurs domaines, à mettre en place de nouveaux mécanismes de gestion du foncier et des ressources urbanistiques de la commune et à attribuer des concessions aux investisseurs pour les encourager créer une dynamique économique à même d'assurer des revenus à la commune. Lire aussi: Elections locales: l'élargissement des pouvoirs des élus, axe développé par les candidats Il est donc nécessaire de conférer davantage de souplesse aux communes, de leur accorder les pleines prérogatives pour booster le développement, et de leur permettre de traiter librement avec les banques, les entreprises publiques et privées ainsi que les membres de la communauté nationale à l'étranger. Dans ce sens, Dr Aya Abderrahmane, expert en économie, a jugé impératif de séparer de la politique toutes les questions en rapport avec la création de richesses et de postes d'emplois, la fiscalité, et les affaires économiques et financières. L'intervenant a proposé la désignation d'un conseiller économique au niveau de chaque commune, devant suivre une formation spécialisée sur les affaires internes. Les communes seront évaluées en fonction de leurs projets de développement et de leur succès, a-t-il dit, ajoutant que les décisions doivent prendre en compte les potentialités de la région, sa nature et ses dimensions commerciales. A cet effet, il a appelé à revoir le découpage administratif, à réduire la superficie des communes dans le cadre d'une approche de réformes et à accorder de plus larges prérogatives aux présidents des assemblées.