Les distributeurs des hydrocarbures au Maroc ont engrangé pas moins de 38,5 milliards de dirhams marocains (4,16 milliards de dollars) de bénéfices depuis la libéralisation des prix des hydrocarbures fin 2015, au détriment des consommateurs qui ont vu les prix du gasoil et de l'essence s'envoler, selon un responsable syndical. Le président du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole "SAMIR", Houcine Yamani, a révélé, lors de l'Assemblée générale du syndicat tenue récemment, que "les bénéfices des distributeurs des hydrocarbures s'élèvent à 38,5 milliards de dirhams, pour le gasoil et l'essence seulement, entre 2016 -date d'entrée en vigueur de la décision prise sous le gouvernement (Abdelilah) Benkirane- et fin 2020", précisant que "ce chiffre n'inclut pas les bénéfices liés au fuel industriel et au kérosène, carburant utilisé pour les avions, en situation de quasi-monopole". Selon M. Yamani, les opérateurs ont engrangé 8,1 milliards de dirhams en 2016 et 9,5 milliards de dirhams en 2017, ajoutant qu'en 2018 et 2019 les bénéfices ont régressé pour atteindre 6,2 milliards de dirhams, avant de repartir à la hausse en 2020, malgré la pandémie de Covid-19, en atteignant 8,5 milliards de dirhams. En somme, la libéralisation des prix des hydrocarbures a fait passer la marge de bénéfice des opérateurs "de 7% à 14%", a-t-il souligné. Lire aussi: Maroc : le syndicat des industries pétrolières tire la sonnette d'alarme sur le sort d'une raffinerie Pour étayer son propos, le président du cette organisation syndicale a rappelé que l'unique société distributrice d'hydrocarbures cotée en Bourse a vu ses bénéfices passer de 317 millions de dirhams en 2014 à 840 millions de dirhams en 2016 après la libéralisation. En 2017, les bénéfices de cette société cotée s'élevaient à 993 milliards de dirhams. "Cela signifie que la marge bénéficiaire a triplé", conclut-il. Selon les données de l'Enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages menée en 2014 (données officielles les plus récentes dans le royaume), les carburants représentent 2,6% de la consommation des ménages. Depuis l'année 2016 (date de libéralisation totale) les prix mayens des carburants ont augmenté de 9,1%, selon une note du Haut-commissariat au Plan. Afriquia SMDC (Société marocaine de distribution de carburants), détenue par l'actuel chef de gouvernement, compte à son actif plus de 500 stations-service opérationnelles, soit 20% de la totalité des stations dont dispose le royaume. Cette filiale d'Akwa Group est considérée comme la première capacité de stockage des carburants au Maroc, selon le site officiel du groupe. Selon un rapport du Conseil de la concurrence marocain, Afriquia détient environ 25% des parts de marché des carburants dans le royaume, devançant de loin Vivo (Shell) et Total.