Le représentant du Front Polisario en Europe et auprès de l'Union européenne (UE), Oubi Bouchraya Bachir, a affirmé que la position soudaine exprimée par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, constituait un "grave dérapage à même d'alimenter les tensions et hypothéquer les chances d'un règlement politique" du conflit au Sahara occidental. "L'Espagne qui, conformément au droit international, reste toujours la puissance administrante de son ancienne colonie (le Sahara occidental), ne peut renier unilatéralement ses responsabilités et ses obligations que lui impose sa relation unique avec la région et ses habitants", a indiqué Oubi Bouchraya dans une déclaration à l'APS. Le diplomate sahraoui souligne que la position exprimée par le gouvernement espagnol a conduit à "des campagnes de condamnation, de rejet et de dénonciation menées par la majorité des forces politiques en Espagne", relevant que "plus de 11 partis ont exigé la comparution, dans les plus brefs délais, du Premier ministre espagnol devant le Parlement pour qu'il soit auditionné sur les raisons de ce revirement injustifié". "La nouvelle position exprimée par Madrid est en totale contradiction avec les positions des gouvernements espagnols successifs, elle s'éloigne du principe de neutralité et adopte la proposition marocaine relative au soi-disant 'plan d'autonomie' qui impose la réalité coloniale et donne la souveraineté au Maroc en violation du droit du peuple sahraoui à déterminer le statut final de ce territoire" non autonome, a-t-il déploré. Soulignant, par ailleurs, que l'annonce de la nouvelle position de Madrid entre dans le cadre du rétablissement des relations entre l'Espagne et le Maroc après plus de trois ans de tension, le représentant du Front Polisario regrette le fait que "cette décision soit une forme de troque et une condition posée par le Makhzen" qui utilise la carte migratoire comme moyen de pression sur l'Espagne pour la pousser à reconnaître sa prétendue "souveraineté" sur le Sahara occidental. Cette position, a-t-il ajouté, "ne tient pas compte de l'opinion du peuple sahraoui qui demeure la principale victime après que l'Espagne ait renié ses responsabilités en ce qui concerne la décolonisation de ce territoire en 1975". "L'Espagne, en plus de sa violation du droit international, n'est plus en mesure de jouer un rôle crédible dans le processus de règlement politique du conflit à cause de son alignement avec la position de l'une des parties au conflit", a-t-il souligné. Il a également indiqué que "c'est ce genre d'attitude qui a encouragé le Maroc à se rebeller contre la légitimité internationale et a conduit à le reprise des hostilités dans une région sensible située aux portes de l'Europe". "Même si la nouvelle position de l'Espagne peut entraver la dynamique actuelle des Nations unies, notamment après la désignation de Staffan de Mistura comme envoyé spécial du SG de l'ONU au Sahara occidental, elle n'affectera pas la lutte du peuple sahraoui et de son représentant légitime, le Front Polisario", pour l'autodétermination et l'indépendance, a-t-il assuré.