Les difficultés d'accès aux archives coloniales pour les réalisateurs engagés dans le cinéma de résistance a fait l'objet mercredi à Alger d'une rencontre-débat entre professionnels du 7e art algériens et étrangers. S'exprimant dans le cadre du 11e Festival international du cinéma d'Alger, dédié au film engagé (Fica, 2-10 décembre), les participants au focus "Cinéma, mémoire et résistance", ont évoqué leurs expériences professionnelles dans le cinéma "engagé en faveur des mouvements de libération à travers le monde". Le journaliste et scénariste, Boukhalfa Amazit, qui axé son intervention sur les "relais de diffusion" des productions cinématographiques, a rappelé que la cinémathèque algérienne a été une "tribune pour les cinéastes du monde entier" pour montrer au public ce qui ne passait pas à la télévision. "La cinémathèque algérienne, créée en 1965 s'est engagée naturellement en faveur des causes justes en diffusant les œuvres sur les mouvements militants de libération en Afrique et en Asie, notamment", a souligné ce scénariste. Evoquant sa propre expérience, la réalisatrice de "Marseilles", Viviane Candas, a souligné que le cinéma de résistance consiste à "enfoncer les brèches de domination" en créant des images de mémoire par les archives. Viviane Candas, dont le père, Yves Mathieu (1924-1966) était un militant communiste et anticolonialiste engagé pour la cause algérienne, a expliqué les "nombreuses entraves" au cinéma engagé et de résistance, citant notamment les "difficultés liées au montage financier en plus de l'accès aux archives coloniales". Abondant dans ce sens, le producteur et réalisateur, Ali Fateh Ayadi, a lui aussi énuméré une série de difficultés rencontrées dans sa réalisation de documentaires, notamment "l'utilisation d'images d'archives et le manque de visibilité des films dits de résistance". Ce réalisateur de plusieurs documentaires, a soulevé également une "défaillance dans le réseau international et les espaces de diffusion du cinéma engagé". Ouverts au public, les débats ont vu la participation de jeunes cinéastes et auteurs de documentaires dédiés aux causes palestinienne et sahraouie, comme le réalisateur algérien Rabah Slimani, aux côtés d'autres cinéastes du Sahara Occidental. Des focus thématiques dédiés aux cinémas de la résistance et de l'environnement sont programmés en marge de la projection de films en compétition au 11e Fica qui se poursuit jusqu'au 10 décembre.