Le film documentaire « L'Algérie du possible, la révolution d'Yves Mathieu », histoire d'un avocat pas comme les autres, a été projeté, jeudi dernier au soir à Alger, en avant-première mondiale. Dédié au parcours du militant anticolonialiste et avocat du Front de libération nationale (FLN), Yves Mathieux, Viviane Candas, fille du militant, ce film de 90 munutes retrace le parcours de son père, né à Annaba, qui a choisi de rester dans son pays après l'indépendance. Yves Mathieu est décédé le 15 mai 1966 dans un accident de la circulation. Viviane Candas est longuement revenue sur les circonstances de cet accident qui ont motivé la réalisation de ce film qu'elle avait entamé en 2009. Comme pour regarder l'Algérie d'aujourd'hui à travers le parcours de son père, la réalisatrice parle brièvement l'Algérie des années 1980 et 1990 vue par des acteurs de la guerre de Libération ou des politiciens des premières années de l'indépendance. Cette quête « encore inachevée » pour rétablir la vérité sur la mort de son père a conduit la réalisatrice à révéler un grand engagement pour la construction de l'Algérie indépendante d'un militant. Un témoignage du militant et avocat du FLN, Jaques Vergès, mort en 2013, « passionné qui ne laissait de place à la raison quand il embrassait une cause ». Ce film revient longuement sur les grands projets de l'Etat algérien au lendemain de l'indépendance, auxquels Yves Mathieu et son épouse avaient pris part. L'alphabétisation, le reboisement des zones bombardées au napalm par l'armée coloniale ou encore la mise en place d'un système de santé. Un film puzzle, entrecoupé d'une multitude de témoignages de compagnons de route du militant, dont le défunt président Ahmed Ben Bella. Ce documentaire consacre une grande partie à l'installation du système de l'autogestion des domaines agricoles promulgué par le président Ahmed Ben Bella en mars 1963. Des acteurs politiques de l'époque tels que Ahmed Bedjaoui, Mohamed Harbi ou encore Mourad Lamoudi témoignent d'un décret rédigé de la main d'Yves Mathieu. Ils évoquent, par la suite, l'engagement de Yves Mathieu à la cause de la reconstruction de l'Algérie indépendante. Il explique les dysfonctionnements qui ont causé l'échec des domaines autogérés. Le documentaire revient également sur les visites de figures anticolonialistes de l'époque à Alger faisant de l'Algérie la place forte des révolutions et des mouvements de libération. Viviane Candas poursuit le parcours de son père après l'accessio au pouvoir du président Houari Boumediène le 19 juin 1965. Des extraits d'archives et des témoignages montrent Yves Mathieu occupant un poste de professeur à l'institut de gestion et de planification. Il avait suivi des études d'économie à l'université d'Alger avant d'ouvrir un cabinet d'avocat avec son épouse. Alors que de nombreux de ses compagnons avaient quitté l'Algérie ou étaient en détention, Yves Mathieu a continué à exercer son métier.