Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni a dévoilé, samedi à Alger, une feuille de route qui se décline en six principaux axes pour l'organisation du secteur dont la mise en œuvre d'un "plan de distribution" en vue de lutter contre la flambée des prix et assurer la distribution, régulière et équitable, des produits de large consommation. Intervenant lors des travaux de la rencontre nationale des cadres de son département ministériel, M. Zitouni a expliqué que cette stratégie qui s'inscrit dans le cadre des réformes initiées par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, consiste en "la moralisation de l'administration" et la valorisation des compétences. La feuille de route inclut également l'élaboration "d'un plan de distribution dans l'objectif de lutter contre la flambée des prix et la pénurie de certains produits en vue de garantir une distribution équitable et régulière des produits de large consommation et de mettre fin à la spéculation et au monopole", a poursuivi le ministre. Elle prévoit aussi, ajoute M. Zitouni, la coordination avec les services du ministère de l'Intérieur pour résorber le marché informel et réorienter les espaces commerciaux réalisés. Le secteur compte arrêter un programme continu de contrôle de la conformité des produits vendus et s'assurer de la transparence des pratiques commerciales des différents opérateurs à travers le contrôle du marché au niveau des chaines de production et de distribution, a-t-il dit. Concernant les prix, M. Zitouni a mis l'accent sur la nécessité de prendre en considération "leur restructuration" notamment ceux des produits importés. Après examen de la structure des prix de certains produits, l'on constate des marges bénéficiaires "injustifiés et inacceptables", en dépit de la baisse considérable des coûts de transport et de shipping internationaux par rapport à la période Covid-19. A cette occasion le ministre a appelé les opérateurs économiques à "revoir la marge bénéficiaire appliquée sur les produits commercialisés en vue de protéger le pouvoir d'achat des citoyens et d'adhérer à la stratégie de l'Etat et aux efforts des pouvoirs publics, évoquant la possibilité de classer les manipulateurs des prix des produits importés dans la catégorie des "spéculateurs". M. Zitouni a exigé de prendre "des mesures strictes" pour "mettre un terme" aux infractions répétées enregistrées sur le marché national, telle que le non affichage des prix, le non respect de l'hygiène et de la santé publique, tout en renforçant les mécanismes de lutte contre les pratiques commerciales illégales notamment la spéculation illicite, à travers l'adoption d'un programme spécial en coordination avec tous les intervenants à même d'assurer une disponibilité régulière des produits et de suivre de près les niveaux des stocks dont les produits agricoles et alimentaires dans les chambres froides et les espaces de stockage. "Tous les produits stockés dans les espaces non déclarés auprès des services du ministère du Commerce sont automatiquement considérés comme des produits destinés à la spéculation illicite contre lesquels des mesures coercitives seront appliquées de plein droit en vue de mettre un terme à ces pratiques préjudiciables aux intérêts du citoyen et de l'économie nationale", a insisté M. Zitouni. Evoquant les programmes de permanence, le ministre a indiqué que le secteur s'attellait à élaborer un programme de permanence "plus efficace" en parallèle avec la prolongation de la durée des fêtes de Aïd El Fitr et Aïd El Adha, soit trois jours chômés et payés au lieu de deux jours, avec la mise en place d'un "plan proactif" pour approvisionner le marché durant Aïd El Adha, ainsi que durant la saison estivale et la rentrée sociale. Il a rappelé les multiples mécanismes à concrétiser pour réaliser l''équilibre de la triptyque "importation-production-exportation" dont la mise en place d'une banque d'informations sur le commerce notamment extérieur, l'accélération du traitement des dossiers d'importation pour réduire la durée de séjour des conteneurs dans les zones sous contrôle des douanes et mettre fin aux pratiques frauduleuses enregistrées dans certaines activités, à travers leur encadrement par des lois et des cahiers des charges en vue d'assurer le suivi sur le terrain de toute opération. Accélérer la digitalisation et généraliser l'utilisation du e-paiement dans toutes les transactions Concernant les exportations hors hydrocarbures, des marchés de gros et des bases logistiques devraient être exploités comme plateformes pour l'exportation des produits vers les marchés internationaux, notamment africains, avec l'activation d'une cellule d'écoute au profit des exportateurs, outre la mise en place rapide d'un programme des participations de l'Algérie aux manifestations économiques à l'étranger durant le deuxième semestre de 2023 et en 2024. Ces mécanismes englobent, également, l'ouverture de succursales de la société SAFEX au Niger, en Mauritanie et au Sénégal, de manière à constituer une vitrine permanente pour la distribution et la promotion des produits algériens. La révision de l'organisation de l'Agence nationale de promotion du Commerce extérieur "ALGEX" et de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI), ainsi que la structure des conseils d'hommes d'affaires, figurent aussi dans la feuille de route du ministère qui ambitionne, par ailleurs, d'accélérer l'élaboration des textes réglementaires des zones franches, sur lesquels l'on mise pour renforcer le prolongement africain et capter les investissements étrangers créateurs de richesse et de valeur ajoutée. La feuille de route présentée par le ministre prévoit, entre autres, la numérisation accélérée du secteur, avec la généralisation, à partir de ce jour, de l'utilisation des TPE dans toutes les opérations et prestations fournies, y compris pour le paiement des taxes et amendes, d'abord au niveau des instances sous tutelle du ministère du Commerce, en attendant sa généralisation aux commerçants. M. Zitouni a relevé, par ailleurs, l'importance de l'action participative en matière de prévention, de contrôle et de sensibilisation de la société civile, en étant à l'écoute des associations professionnelles et de protection du consommateur, et en activant un plan de communication et d'information efficace pour lutter contre les rumeurs visant à semer la confusion et à influencer le marché national.