Harcelés, persécutés, espionnés en permanence et privés de la liberté de circulation, les dirigeants de l'agence de presse sahraouie "Equipe Média" sont, depuis des années, "sous le radar" des autorités marocaines d'occupation, affirme vendredi le journal espagnol "El Independiente" qui dénonce l'intensification, ces derniers jours, de la campagne de répression à l'encontre de ces journalistes. Dans un article intitulé "Le Maroc étouffe les derniers journalistes sahraouis des territoires occupés du Sahara occidental", le quotidien espagnol indique que Mohamed Meyara, le coordinateur de l'agence, et Ahmed Ettanji, son président, se dirigeaient vers la résidence de la sœur de ce dernier, dans la périphérie de la ville de Boujdour occupée, lorsqu'ils ont été arrêtés par les forces d'occupation marocaines. "Ils nous ont arrêtés à un poste de contrôle pendant une heure. Ils nous ont fouillés et depuis ce moment nous sommes sous surveillance", a déclaré à "El Independiente", Ahmed Ettanji, président de cette agence qui a tenté, ces dernières années, de briser le blocus médiatique imposé aux territoires occupés du Sahara occidental. Selon ce journal, peu après leur arrivée à la maison, la police les a forcés à quitter la ville, au milieu d'insultes et de menaces d'arrestation. "Nous n'avons même pas passé dix minutes dans la maison lorsque sont arrivées les forces spéciales des autorités d'occupation", a-t-il indiqué, soulignant qu'au moment du départ, les forces marocaines les ont "insultés" et "menacés" de les arrêter. "Nous avons demandé la raison et un responsable des autorités d'occupation a répondu qu'il ne voulait pas de nous là-bas", a-t-il ajouté. Le quotidien espagnol appelle, dans ce contexte, la communauté internationale et l'ONU à la solidarité pour dénoncer la " violation du droit à la libre circulation, en particulier, et la poursuite des politiques répressives, en général, contre les citoyens sahraouis". Outre la prison, poursuit ce journal, "les professionnels qui tentent d'exercer leur droit à l'information, sont victimes d'arrestations, de calomnies, de tortures, de mauvais traitements ou de menaces sur leur environnement familial". "Pour l'agence, exercer le journalisme dans les territoires occupés est un +acte d'héroïsme", a-t-il soutenu, relevant que le blocage médiatique imposé au Sahara occidental occupé "s'applique également aux journalistes étrangers, qui sont expulsés quasi immédiatement dès leur entrée sur le territoire". Dans son rapport sur les violations des droits de l'homme au Sahara occidental occupé documentées durant l'année 2023, le groupe de travail sur les droits humains dans les territoires occupés a affirmé que le Sahara occidental est devenu "un trou noir de l'information". "En plus de l'interdiction totale faite de facto aux observateurs et journalistes étrangers d'entrer sur le territoire, les journalistes locaux qui s'écartent de la ligne officielle sont punis et persécutés, faisant du Sahara occidental un trou noir de l'information", a-t-il souligné dans son dernier rapport publié en juin. Selon ce groupe de travail chargé de documenter et de rendre compte des violations des droits humains et des violations du droit international humanitaire dans les territoires occupés, "ce mur du silence absolu imposé par le Royaume du Maroc contre la liberté de la presse convertit le journalisme en profession clandestine". Par ailleurs, le groupe composé de défenseurs des droits humains sahraouis locaux, représentant la société civile sahraouie et d'activistes internationaux, soutient que depuis que le Maroc a renforcé son contrôle en 2014, pas moins de 309 juristes, avocats, universitaires, défenseurs des droits humains, journalistes et parlementaires indépendants se sont vu refuser l'accès ou ont été expulsés du Maroc ou du Sahara occidental occupé pour avoir voulu enquêter sur des violations du Droit international humanitaire.