OUZOU - Au-delà de sa dimension esthétique visible, la danse africaine, dans ses différents styles, constitue un moyen d'expression par le geste synchronisé avec des airs musicaux, de la beauté intérieure et de la pureté de l'âme qu'elle prolonge, ont estimé dimanche à Tizi-Ouzou des chercheurs africains en chorégraphie. La danse africaine, est une quintessence du vécu des peuples de ce continent où toute la beauté de l'âme est rendue avec art, contrairement, ont souligné ces chercheurs, aux pays occidentaux où la beauté de la danse n'est visible qu'au seul aspect extérieur des choses. "Pour défendre leurs cultures, exprimer leurs sentiments ou leur manière de vivre en général, les africains, hommes et femmes, s'adonnent à la danse, un langage de gestes et de mouvements corporels rythmés, considéré comme un outil de communication privilégié, utilisant les gestes et le mouvements du corps comme langage universel accessible à l'humanité entière", a estimé Mamadou Sanoun, chercheur nigérien en cultures africaines au titre d'une communication sur "La symbolique des danses traditionnelles" qu'il a présentée, en marge du colloque du Festival culturel arabo- africain, qu'abrite Tizi-Ouzou depuis samedi. Comparant les danses africaines à celles de l'occident, M. Mamadou a fait observer que "cet art est le support de l'histoire, des traditions et us africains, reflété dans leur authenticité", se proclamant "respectueux de la diversité et de la différence fécondant les cultures". "Chaque peuple danse pour exprimer sa joie, sa douleur ou toutes raisons qui lui sont propres, mais qu'il cherche à partager avec d'autres peuples pour s'en rapprocher", a-t-il expliqué. En d'autres termes, il qualifie les danses africaines d'"outil d'expression socioculturelle, porteur d'une forte charge symbolique, exprimant le rapport de l'homme à la terre, à Dieu, à la communauté des vivants et celle des morts". Dans ce contexte, le chercher nigérien à tenu à faire remarquer à l'endroit d'une certaine conception "exotique mais erronée", réduisant la danse africaine au simple Tam-Tam, que "dans toute chorégraphie exécutée, tout est significatif et rien n'est fortuit, mais il faut se donner de la peine pour pénétrer les messages véhiculés par les gestes et les mouvements du corps, en les referant à leur contexte d'origine, pour éviter toute interprétation subjective". A titre d'exemple, M. Mamadou a signalé que le positionnement des danseurs les uns par rapport aux autres "ne relève pas d'un simple hasard, mais procède d'une philosophie de la vie". Ainsi, a-t-il indiqué à titre illustratif, "il n'y rien de mieux pour réconcilier deux êtres en brouille que de les mettre côte à côte sur une scène de danse, car cela permet leur rapprochement et entente à travers le frôlement de leurs corps, un mouvement qui produit une chaleur humaine transcendant tout sentiment impur", a-t-il affirmé. Pour sa part, M. Acho Weyer, directeur du Festival international du théâtre de Côte d'Ivoire, a mis l'accent sur l'utilisation, par les danseurs africains, notamment ceux de l'Afrique subsaharienne et de l'Afrique de l'Ouest, "l'usage intensif des trois couleurs emblématiques que sont le blanc, le rouge et le noir, ainsi que des masques bariolés aux mêmes nuances, dans le but de mieux refléter et extérioriser la beauté intérieure du corps, cette énergie enfouie dans l'âme et que seule la danse aide à se manifester". "Le choix des couleurs utilisés pour les costumes et masques, n'est jamais fortuit, mais il est fait pour véhiculer des pensées et des sentiments divers, toujours d'une manière différente en fonction du temps et de l'espace de référence", a-t-il affirmé. M. Weyer a expliqué, à propos des couleurs, que "le rouge symbolise, dans l'imaginaire populaire mais ancré dans la réalité africaine, le pouvoir, le combat et l'endurance, alors que le noir signifie détresse, deuil et discrétion chez certains peuples, qui le perçoivent également comme un moyen de lutte contre les esprits malsains qui seraient tentés de nuire à l'être humain, fait expliquant l'importance des rites dans les traditions africaines". Largement usitée par les danseurs, la couleur blanche signifie, quant à elle, "la paix, la pureté et la tranquillité de l'esprit", a-t-il ajouté.