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Sidi Bel Abbès. Festival du film Amazigh
Publié dans El Watan le 15 - 01 - 2009

La 9e édition de cette rencontre s'achève aujourd'hui en confirmant son bel essor et en amenant de nouvelles questions sur son développement.
Sidi Bel Abbès, la ville des poètes, des chanteurs, des danses populaires et de l'artisanat, célèbre généreusement cette année le cinéma algérien d'expression amazighe placé sous le thème « Pour une libre circulation des idées, par le mot et par l'image » (article premier constitutif de l'Unesco). Mis en place en 2000 à la Cinémathèque d'Alger, après une itinérance de huit années à travers les différentes wilayas du pays, le Festival culturel national annuel du cinéma amazigh fait escale dans la capitale de la Mekerra, où un accueil chaleureux lui a été réservé par les autorités et la population.
La manifestation, qui s'achève tard dans la soirée d'aujourd'hui, s'affirme comme un élément important d'intégration et de compréhension. A l'origine, il s'agissait seulement de rendre visible et d'encourager la production et la diffusion de films d'expression amazighe. Neuf années après le coup d'envoi, les résultats dépassent les premières espérances. Non seulement, l'amazighité à l'écran a droit de cité, mais de plus les films diffusés s'avèrent de bonne facture technique, esthétique et thématique et témoignent de la grande richesse de la culture amazighe et de la diversité de son expression.
Après avoir creusé obstinément son sillon, le festival est de plus en plus considéré par les professionnels des médias comme un événement culturel phare. Conçu, au départ, dans les limites strictes des missions imparties au Haut Commissariat à l'amazighité dans le principe de la promotion et de la réhabilitation des langues et cultures amazighes, dans toutes leurs dimensions, les premiers rendez-vous, d'Alger, de Tizi Ouzou et d'Oran, n'avaient suscité que peu d'engouement. « Il faut être doté d'un authentique courage pour se lancer dans une telle aventure », répétaient à satiété les témoins de ce démarrage, alors que le cinéma national traversait une période des plus difficiles. L'identité même du festival faisait l'objet d'interrogations.
Après les éditions d'Annaba (2003) et de Ghardaïa (2004) et suite à son institutionnalisation, le festival a fini par émerger au grand jour, grâce aux efforts soutenus et à une petite équipe de bénévoles, particulièrement enthousiastes. Aujourd'hui, les résultats sont là, pour le moins encourageants. Une quarantaine d'œuvres majeures, représentatives d'une cinématographie en expansion ont été projetées. Sur les 63 films visionnés par le comité de sélection, 19 ont été retenus pour la compétition (4 LM, 9 CM, 2 films d'animation et 4 documentaires). Le jury international (Jean-Pierre Garcia, Safi Bouttela, El Djouer Ambis…), piloté cette année par l'auteur du merveilleux Mimezrane, Ali Mouzaoui, n'a pas eu la charge facile pour départager les cinéastes en compétition. Dans sa volonté de toujours explorer et découvrir la richesse et la diversité cinématographiques, le festival, prenant ses aises avec la géographie et acquis à la défense de la pluralité culturelle, accueille cette année, après l'Irlande, le Liban, la Suisse, la production filmique iranienne.
Visible partout, sauf chez nous, cette cinématographie, d'une grande rigueur esthétique, mérite le coup d'œil. Dans un pays où il est pratiquement impossible de filmer des femmes et d'évoquer des problèmes politiques, il faut faire preuve d'une intelligence rare pour contourner la censure et faire des films poétiques où se reflète l'âme d'un pays, d'un peuple. Le public a pu, grâce au festival, découvrir un cinéma original par ses contrastes, ses surprises et ses espoirs.
Prendre son envol
Plusieurs tables rondes ont été organisées sur des thèmes divers tels les rapports « Roman/cinéma », « Musique/cinéma » et « Critique/cinéma ». Le jury du concours de scenarii (Ahmed Ben Alam et Belkacem Rouache) a retenu deux projets, ceux de Ahcène Aït Saï et Abdelmajid Djebbour. La meilleure banderole et la meilleure affiche ont également fait l'objet de concours remportés par des étudiants des beaux-arts. La télévision, qui a déployé de gros efforts pour couvrir l'événement, a organisé un « Spécial regard en tamazight ». Dès l'ouverture, quatre de nos grandes figures cinématographiques, Keltoum (Aïcha Adjouri), Djamila Bachene, Hadjira Oubachir et Djamila Amzal, furent distinguées.
Les invités d'honneur furent nombreux : Safy Boutella, Lounès Aït Menguelet, Maïssa Bey, Hanane El Bachir, Ahmed Bedjaoui, Kamel Hamadi, Azouz Begag, Jean-Pierre Garcia, Jean-Jacques Varret… Egalement inscrites au programme des séances de poésie en multilingue, des séances de dédicaces avec des auteurs et artistes invités et une cérémonie dédiée à notre illustre Kateb Yacine, dont le nom à Sidi Bel Abbès réveille bien des souvenirs. Les invités présents à l'ouverture, dimanche soir, ont rendu un hommage particulier aux Palestiniens avant d'avoir la surprise d'être accueillis, le soir même, par 74 musiciens et choristes de l'orchestre symphonique d'Alger.
Il nous faut, enfin, souligner le rôle essentiel des journalistes et des médias (presse écrite, radio et télévision) qui n'ont ménagé aucun effort pour assurer la couverture de la manifestation, organisée par le ministère de la Culture avec le soutien de la wilaya de Sidi Bel Abbès. L'amazighité à l'écran, impensable avant les années 80, doit son émergence à quelques pionniers. Parmi eux, Chérif Aggoun, qui avec Taggara Lejnun (la fin des djins) a tracé la voie aux professionnels algériens de l'image et du son. Suivront ensuite, Cri de pierre et La Colline oubliée de Abderrahmane Bouguermouh, La montagne de Baya de Azzedine Meddour, Machaho de Belkacem Hadjadj, Si M'hand U M'hand de Rachid Benallal et Lyazid Khodja.
Ces premiers jalons d'une production, qui s'est étoffée et améliorée au fil des ans, ont fait de l'image amazighe une réalité culturelle. Son éclosion en termes de formes, de pratiques, de questionnements, de gestes artistiques s'accompagne d'une connaissance de plus en plus large et précise de sa propre histoire. Ses lignes de force, son esthétique particulière, sa spécificité langagière et son incursion remarquable et remarquée, ces dernières années sur la scène nationale et internationale, constituent un plus pour la cinématographie nationale. Ces données, qui reflètent un long labeur, ne doivent pas masquer cependant les couacs, dont l'absence de logistique hôtelière, l'insuffisance des moyens et enfin la faible implication du mouvement associatif.
Les organisateurs espèrent développer d'autres axes : la diffusion, (notamment dans la perspective de la future chaîne de TV amazighe), la mise en place d'ateliers de sensibilisation et d'initiation à l'image, la formation aux métiers du cinéma et le développement de la revue Asaru-Cinéma qui en est à son 7e numéro. Le FNACA s'est forgé un nom, une réputation et une histoire. Si son institutionnalisation lui a permis de prendre son envol, son internationalisation contribuera à le mettre sur un pied d'égalité avec les grands festivals internationaux. Peut-être faut-il qu'il se stabilise dans une ville déterminée et mettre fin à son itinérance afin de personnaliser davantage son identité ? Il devrait également se préoccuper des risques de marginalisation et de ghettoïsation et donc songer à s'ouvrir davantage à l'échelle nationale en intégrant tous les segments culturels du pays.
Au-delà des films, ce qui importe ce sont l'échange, la solidarité et la convivialité. A l'occasion de sa dixième édition, le festival est tenu de muer.Loin d'être d'éphémères rassemblements d'invités et de films, les festivals jouent un rôle essentiel au niveau culturel, social, éducatif, ne serait-ce que par l'opportunité qu'ils offrent pour échanger et étendre les regards et les perceptions. De ce seul fait, ils constituent le lieu idoine où se célèbre l'exercice de la pensée et de la réflexion en tant que moyens d'éveil des publics. Réserve culturelle naturelle, la cinématographie, quelle que soit son expression linguistique, doit sortir de l'ombre et rayonner partout dans le pays et hors des frontières.
L'âge de la maturité a des exigences, dont la première est la rigueur et le professionnalisme. L'implication de professionnels auprès des bénévoles est aujourd'hui d'une nécessité absolue. Les projecteurs vont s'éteindre aujourd'hui. Espérons que la toute neuve salle de la cinémathèque de Sidi Bel Abbès ne s'endorme pas et qu'elle continue à ouvrir de nouveaux horizons de beauté et de sens.


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