La promotion de l'allaitement maternel est un objectif majeur que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds de l'ONU pour l'enfance (UNICEF) se sont assignés pour en faire bénéficier le maximum d'enfants à travers le monde et en Afrique, souligne-t-on dans un rapport publié récemment à Dakar à l'occasion de la semaine mondiale de l'allaitement. "L'allaitement maternel est une pratique très importante pour promouvoir la santé, la survie et le développement de l'enfant. Elle compte de multiples avantages pour la santé de l'enfant, à la fois à court et à long termes", lit-on dans le document qui a placé la semaine mondiale sous le thème : "Dix pas: une condition après l'autre: sur le chemin des amis des bébés". Estimant que la vie de 1,2 million d'enfants pourrait être épargnée chaque année dans le monde grâce à l'allaitement maternel, le rapport regrette que de "nombreux enfants vivant dans les pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre ne bénéficient pas de cette chance". "Bien que presque tous soient allaités, un tiers seulement sont mis au sein dans l'heure qui suit l'accouchement", a-t-on constaté. Dans le même contexte, les spécialistes expliquent qu'avec un régime alimentaire pauvre en micronutriments après l'âge de six mois et un accès précaire aux soins de santé et aux installations d'hygiène élémentaires, "l'allaitement maternel non exclusif compromet le statut nutritionnel de nombreux enfants en Afrique Centrale et de l'Ouest". Les enquêtes menées dans la sous-région ont fait ressortir qu'environ 40% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique et plus de 60% sont anémiés, alors qu'on compte 90% dans certains pays. "Ces enfants n'atteindront pas leur potentiel, d'apprentissage et de productivité, au cours de leur vie", affirme-t-on dans le rapport qui a "fait savoir qu'au Tchad, 2% seulement des enfants sont nourris au sein exclusivement, 4% au Niger et 7% au Burkina Faso". En outre, les spécialistes de la nutrition infantile ont noté que cette situation est aggravée par le fait que la plupart du temps, les enfants ne sont pas laissés à leur mère après l'accouchement. "Le premier lait, ou colostrum, n'est pas donné aux bébés parce qu'on considère qu'il est toxique. C'est un exemple de croyances et habitudes locales néfastes à la santé des enfants". Le colostrum est le tout premier lait secrété par une femme aussitôt après avoir donné naissance à son enfant. Il contient une grande quantité d'anticorps, qui aident le bébé à combattre les maladies. Cependant, en milieu rural les femmes les plus âgées conseillent aux mères de ne pas donner ce lait au bébé, qui est considéré comme mauvais pour la santé. Afin de faire face à une telle réalité, l'UNICEF et ses partenaires travaillent pour "améliorer les méthodes d'allaitement et la nutrition complémentaire des jeunes enfants", en créant un environnement favorable pour permettre aux femmes de s'engager dans de nouvelles pratiques. L'allaitement exclusif est encore "plus vital" quand se produisent des crises alimentaires et nutritionnelles comme celle qui est à l'œuvre dans les pays sahéliens en 2010, a ajouté l'UNICEF. "Pour protéger la vie des jeunes enfants, il est indispensable de promouvoir ces pratiques optimales d'alimentation qui ne coûtent rien mais ont un bénéfice considérable", ont, par ailleurs, conclu des nutritionnistes en charge des pratiques alimentaires des jeunes enfants.