La rivalité qui a opposé à partir des années trente l'Association des Ouléma musulmans algériens aux zaouïas était "politique et procédait de questions d'influence sans toucher aux préceptes de l'islam", a estimé, mercredi soir à Constantine, l'universitaire algérien Saïd Djabelkheir. L'universitaire qui a animé une conférence sur le rôle des écoles de soufisme et des zaouïas dans la préservation des référents religieux et identitaires de l'Algérie sous occupation coloniale, a rappelé que les membres de l'équipe dirigeante de l'Association des Ouléma musulmans algériens, y compris Cheikh Abdelhamid Benbadis, étaient tous issus des zaouïas. Le conférencier a souhaité dans ce sens que l'Etat algérien qui a publié les archives et les oeuvres de l'Association des Ouléma, puisse également publier les articles de cheikh El Allaoui parus dans la revue "El Balagh" et qui donnaient la version et les argumentaires des zaouïas dans la controverse qui les opposaient aux Ouléma. Les zaouïas ont opposé une résistance farouche à l'occupant français et ont su contrecarrer ses tentatives de destruction des référents religieux et identitaires. Elles sont devenues l'ennemi juré de cet occupant qui a tout fait pour les infiltrer et créer ainsi des zaouïas "fantoches" chapeautées par de faux chefs religieux n'ayant aucun enracinement dans la tradition soufie, a relevé M.Djabelkheir pour expliquer la collaboration de certains zaouïas avec l'administration coloniale. Hormis certains cas préfabriqués, les zaouïas ont été de "véritables remparts contre les entreprises d'occupation et déculturation des peuples", a souligné l'universitaire algérien dont les propos ont rejoint, en la matière, ceux de l'universitaire syrien Mahmoud El Okeil qui l'a précédé à la tribune de ce colloque sur le soufisme les zaouïas, tenu en marge du 8ème festival du chant Aïssaoua "Kherdjet Sidi Rached". En plus de leur rôle dans l'enseignement religieux, les zaouïas ont joué des rôles politiques, culturels, sociaux et même urbanistiques, ont souligné les deux animateurs de la rencontre rappelant que bons nombre de villes du pays ont été fondées autour d'une zaouïa dont ils portent le nom du fondateur à ce jour.