Le directeur général de la chambre algéro-allemande de Commerce et d'Industrie, Andreas Hergenrööther, a appelé, jeudi à Alger, les entrepreneurs des deux pays à orienter leurs initiatives entrepreneuriales vers des finalités sociales sans pour autant se départir des objectifs lucratifs qui restent l'essence de l'économie de marché."J'invite les entrepreneurs des deux pays à adopter cette orientation vers l'entrepreneuriat social, parce que j'estime que l'entreprise économique ne peut guère réussir si elle ne prend pas au sérieux ses responsabilités envers la société", a-t-il dit lors d'une conférence animée conjointement avec le représentant de la Fondation allemande "Friedrich Naumann". Pour M. Hergenoöther, le principe de base de l'entrepreneuriat social est simple: l'entreprise sociale, dit-il, offre une solution à un problème social, mais fonctionne en même temps en tant qu'entreprise réalisatrice de profits, lesquels profits seront, après déduction des charges, utilisés pour des projets purement sociaux et non lucratifs. Plus explicite, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qualifie d'entrepreneuriat social "toute activité privée d'intérêt général organisée à partir d'une démarche entrepreneuriale et n'ayant pas comme raison principale la maximisation des profits mais la satisfaction de certains objectifs économiques et sociaux, ainsi que la capacité de mettre en place (.....) des solutions innovantes aux problèmes d'exclusion et de chômage". Assez récent, n'ayant émergé qu'à partir des années 90, ce type de gestion socio-économique s'inscrit pleinement dans la logique du développement durable, qui, en dépit de son émergence à travers le monde, continue, estiment-on, de rencontrer plusieurs obstacles. Selon le président d'un cabinet français de recrutement-conseil en placement associatif, spécialisé dans la promotion de l'égalité des chances et de la diversité et donc impliqué dans l'entrepreneuriat social", Samir Hariche, évoque "les limites des financements et des réseaux et le manque de notoriété et de reconnaissance des services publics" qui entravent un peu le fonctionnement de son cabinet. "Nous avons quand-même réalisé beaucoup de progrès en identifiant deux mille candidats à l'emploi au sein des quartiers, accompagné un millier et placé ou présenté 500 dans des postes de travail et stages", s'est-il toutefois réjouit. En France, à titre d'exemple, l'économie sociale, c'est à dire les entreprises économiques, associations et coopératives à finalités sociales, représente 11% du PIB soit 60 milliards d'euros et assure 12% de l'ensemble des emplois soit 1,65 millions de salariés, selon M. Hariche. L'Italie, quant à elle, est devenue leader de ce type de gestion, en créant des 1991, un statut spécifique de "coopératives sociales" destinées à répondre aux besoins non ou mal satisfaits par les services publics. "Entreprendre dans une logique sociale c'est croire au fait qu'une petite action peut être en mesure de modifier une société entière", a résumé cet expert d'origine algérienne.