Les Nations Unies consacrent depuis lundi à New York un sommet pour faire le point de situation sur les progrès réalisés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), à cinq ans de l'échéance de 2015 fixée pour la mise en œuvre de ces objectifs adoptés lors du Sommet du Millénaire en 2000. A travers les huit (8) objectifs définis il y a dix ans, les pays membres et les partenaires du développement se sont engagés à éliminer l'extrême pauvreté et la faim et à améliorer sensiblement le bien-être et la situation économique des populations pauvres de la planète à l'horizon 2015. Ces 8 critères reposent sur la réduction de l'extrême pauvreté et la faim, l'éducation primaire pour tous, la promotion de l'égalité des sexes et l'autodétermination des femmes, la réduction de la mortalité infantile, l'amélioration de la santé maternelle, la lutte contre le VIH-SIDA, le paludisme et d'autres maladies, la préservation de l'environnement et la mise en place d'un partenariat mondial. Mais le rapport de l'ONU sur le partenariat mondial pour le développement conclut à de sérieux déficits par rapport à ces engagements qui sont compromis dans beaucoup de pays dans le sillage de la sévère récession qui a quasiment frappé toute l'économie mondiale dont le rétablissement s'avère encore très fragile et inégal. Pour l'ONU, l'absence d'amélioration en matière d'emploi met à mal la relance de la production étant donné qu'elle annihile la consommation et la demande d'investissement. Les mesures de relance monétaires et fiscales se sont avérées cruciales pour éviter que la récession internationale ne se mue en une nouvelle dépression. Néanmoins, de telles mesures de stimulation ont également creusé les déficits budgétaires de plusieurs pays, et en particulier ceux de nombreuses économies avancées, dont le niveau de la dette publique est désormais quasi critique. La crise actuelle de l'emploi et la flexibilité budgétaire de plus en plus restreinte menacent non seulement la remise en selle de l'économie mondiale mais rendent également la concrétisation des objectifs de l'OMD d'autant plus difficile, signale-t-elle Le rapport onusien est catégorique: La raréfaction des opportunités d'emploi dans le monde provoque un essoufflement de la lutte contre la pauvreté. Une plus grande instabilité des recettes et des dépenses publiques moins généreuses en faveur des services sociaux entravent l'accès à l'éducation, aux services de santé, à l'eau potable et à l'assainissement minimal. L'ONU regrette également que l'aide publique au développement (APD) ne permette pas d'honorer les objectifs de Gleneagles à atteindre en 2010. De nombreux pays donateurs ont le sentiment de devoir procéder à un assainissement budgétaire dès que possible, ce qui est susceptible de mettre les ressources disponibles davantage sous contraintes alors que l'on en arrive à un stade critique où les engagements d'entraide au-delà de 2010 doivent encore être consolidés. Selon l'ONU, l'aide des membres du Comité d'aide au développement (CAD) a atteint près de 120 milliards de dollars en 2009, à savoir une augmentation de moins de 1 % en termes réels. La part de l'APD dans le revenu national brut (RNB) des donateurs était de 0,31 %, ce qui est bien en deçà de l'objectif de 0,7 % fixé par les Nations Unies, que seuls cinq pays donateurs ont atteint et dépassé. Si cet objectif devait être respecté par l'ensemble des donateurs d'ici à 2015, plus de 300 milliards de dollars seraient ainsi réunis par an pour financer le développement. La différence entre ce qui a été réalisé en 2009 et l'objectif de 2010 représente 26 milliards de dollars (en dollars 2009). Selon les estimations, l'APD à destination de l'Afrique a atteint près de 44 milliards de dollars en 2009. Néanmoins, ce continent ne devrait recevoir qu'environ 45 milliards de dollars en 2010, à savoir 16 milliards de dollars de moins par rapport à l'objectif de Gleneagles. Pour l'accès aux marchés, l'ONU constate que les flux commerciaux internationaux ont rebondi en 2010 après une chute vertigineuse de la fin 2008 à la mi-2009. Les pays en développement ont été fortement secoués par le quasi-effondrement des échanges commerciaux. Près de neuf ans après son lancement, le Cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha est dans une impasse. Depuis l'échec de la dernière tentative sérieuse d'un accord en juillet 2008, aucune autre date butoir n'a été arrêtée pour la conclusion du Cycle, en dépit de tentatives récentes de relancer les négociations et de la déclaration d'intention du G-20 de finaliser le Cycle en 2010. Par ailleurs, certains pays en développement sont intimement convaincus que la dimension du développement est passée au second plan. Aucune réduction significative des droits imposés par les pays développés n'a été enregistrée en 2009, les droits moyens sur les produits clés en provenance des pays en développement restant quant à eux relativement élevés. Si l'aide à l'agriculture qui entrave le commerce fournie par les pays de l'OCDE) a continué à fondre en 2008 en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), atteignant 0,84 % cette année-là pour 0,88 % en 2007, cette situation a été occasionnée plus par des prix élevés sur le marché que par des réformes politiques. Equivalant à 376 milliards de dollars, l'aide reste considérable en termes absolus et a même dépassé de 12 milliards de dollars en 2008 celle octroyée en 2007. L'objectif 8 du Millénaire pour le développement recommande de satisfaire aux besoins spéciaux des PMA, qui tendent à être fortement vulnérables aux chocs commerciaux et à ne jouir que de faibles capacités à l'exportation. Par ailleurs, l'ONU souligne que l'endettement de nombreuses économies en développement et en transition s'est détériorée pendant la crise économique et financière du fait du ralentissement de l'économie mondiale et de la baisse des échanges commerciaux, des envois de fonds et des prix des produits de base. Compte tenu de la crise des financements privés, de problèmes de balance des paiements dans de nombreux pays et de l'élargissement des déficits budgétaires, les institutions financières multilatérales ont fortement augmenté le nombre des prêts. Les ratios d'endettement public se sont envolés du fait, d'une part, du plus grand nombre d'emprunts internes et externes et de l'augmentation des frais d'emprunt et, d'autre part, de la baisse des recettes fiscales ainsi que des recettes et revenus à l'exportation. Les situations budgétaires sont affaiblies par des obligations plus importantes au titre du service de la dette ce qui, en retour, met à mal les dépenses liées aux objectifs du Millénaire pour le développement dans un nombre croissant de pays. Le FMI et la Banque mondiale ont récemment classé 11 pays (sur 39 étudiés) comme étant en situation de surendettement et 16 comme présentant un risque élevé de surendettement. Ils n'excluent pas la nécessité d'un allégement de la dette pour au moins certains d'entre eux. La reprise économique mondiale étant fragile et inégale, le nombre de pays à revenu faible ou moyen présentant un risque élevé de surendettement pourrait être bien plus important. Relevant l'extrême urgence d'assurer un meilleur accès aux médicaments essentiels, l'ONU indique que si quelques pays ont progressé dans une certaine mesure, l'accès à des médicaments à un coût abordable dans les pays en développement s'est peu amélioré dans l'ensemble. La disponibilité des médicaments essentiels dans ces pays reste très limitée, ce qui se vérifie en particulier pour les médicaments traitant les maladies chroniques. La situation est surtout préoccupante dans les pays à faible revenu, où les maladies chroniques sont désormais la principale cause de mortalité et grèvent lourdement les conditions économiques des ménages et des systèmes de santé nationaux. De nombreux médicaments, même les médicaments génériques les moins chers contre les maladies chroniques et sévères, restent inabordables pour la majorité de la population des pays en développement. La situation a davantage progressé au niveau de la mise à disposition de médicaments luttant contre des maladies graves dans les pays en développement. La thérapie antirétrovirale, de plus en plus utilisée dans le cadre d'une stratégie de prévention contre le VIH, a fortement contribué à réduire la charge virale des patients porteurs du sida. De son coté, la Banque mondiale a estimé qu'en raison des crises alimentaires, énergétiques et financières, 64 millions d'êtres humains supplémentaires vivent dans le dénuement le plus complet en 2010 et quelque 40 millions de personnes supplémentaires n'ont pas mangé à leur faim l'année dernière. D'ici à 2015, un nombre de 1,2 million d'enfants supplémentaires pourraient décéder avant l'âge de cinq ans et environ 100 millions de personnes supplémentaires n'auront pas accès à l'eau potable.