NEW YORK (Nations-Unies) - Une réunion de haut niveau de l'Assemblée générale sur la biodiversité s'est ouverte mercredi au siège des Nations-Unies à New York, en présence du ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, et de chefs d'Etat et de gouvernement. Cette rencontre, la première du genre au niveau onusien, a été convoquée à la faveur de deux résolutions de l'ONU dont l'une avait déclaré 2010 comme l'année internationale de la biodiversité, et aussi du lien entre la biodiversité et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dont l'un est consacré à l'environnement durable en raison de son impact sur la lutte contre la pauvreté et la faim. En effet, éradiquer la faim appelle aussi à fournir davantage de la nourriture qui est l'un des éléments essentiels bénéficiant de la richesse de la biodiversité, en même temps que la réduction des maladies et la protection de l'environnement sont aussi des notions liées à la biodiversité, explique-t-on. Pour le secrétaire exécutif de la Convention de la biodiversité, l'Algérien Ahmed Djoghlaf, ce sommet de New York est une occasion unique de sensibiliser les pays à la crise de la biodiversité mondiale et à la nécessité urgente de renforcer les dispositifs pour la mise en £uvre de cette Convention afin de mener une action internationale soutenue contre l'érosion continue des ressources biologiques. ''La perte massive de la biodiversité devrait intervenir avant la fin de ce siècle et l'écosystème se rapproche des points de basculement au-delà desquels une dégradation irréversible aura lieu avec des conséquences désastreuses pour le bien-être de l'homme'', avait-il prévenu lors d'un séminaire international sur la biodiversité tenu il y a quelques jours en Espagne. Un même constat alarmant a été relevé par la directrice du Groupe chargé de la conservation de la biodiversité auprès de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Mme Jane Smart: ''La biodiversité est en danger'', avait-elle alerté mardi lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'ONU, appelant les chefs d'Etat et de gouvernement à s'engager financièrement en faveur de la biodiversité et des espèces en voie de disparition. Selon les chiffres avancés par cette spécialiste, 20% des mammifères, un amphibien sur trois, 27% des récifs coralliens, 12% des espèces connues d'oiseaux et 35% d'espèces de conifères sont en voie d'extinction. La troisième édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique, publiée en mai dernier, brosse également un tableau inquiétant des conséquences graves pour le bien-être, les perspectives de développement, la sécurité et même la survie des sociétés humaines dans toutes les régions du monde. Et cet état de fait risque de mettre en péril les progrès accomplis vers la réalisation des OMD. On estime que le rythme de la perte d'espèces due aux activités humaines est 100 fois plus rapide que celui de l'extinction naturelle. Au 20 eme siècle, 40 % des forêts et 50 % des zones humides ont disparu. Cette réunion devrait donc permettra aux chefs d'Etat et de gouvernement ainsi qu'aux organes des Nations Unies et aux organes intergouvernementaux d'apporter un appui de haut niveau nécessaire pour apporter des solutions durables et coordonnées aux défis liés à la biodiversité, et des orientations à suivre par les organisations et organes concernés. Le document de base sur lequel se penche cette réunion de haut niveau est la Convention sur la diversité biologique signée au sommet de la Terre de Rio en 1992 et ratifiée par 192 Etats, constituant l'un des principaux instruments internationaux relatifs à la conservation et l'exploitation rationnelle des ressources biologiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de l'utilisation des ressources génétiques. Ainsi, des tables rondes thématiques sont prévues pour élaborer la stratégie pour la préservation de la biodiversité après 2010, trouver les moyens de mise en oeuvre de cette stratégie et mettre la biodiversité au service du développement et de la lutte contre la pauvreté . Cette rencontre sera suivie par une Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique qui se tiendra du 18 au 29 octobre prochain à Nagoya (Japon) qui devra être couronnée par l'adoption d'un nouveau plan stratégique appelé ''Protocole de Nagoya'' qui contiendra les 20 objectifs à atteindre pour la période 2011-2020 en matière de sauvegarde de la biodiversité.