Ce ne sont pas 23, mais 37 tombes qui ont été vandalisées dans deux carrés musulmans d'un cimetière au sud de Strasbourg, a rectifié samedi Abdelaziz Choukri, délégué général de la grande mosquée de Strasbourg, qui a exprimé sa "consternation" et son "dégoût", appelant l'Etat français à mettre fin à ces "profanations indignes". "J'apprends avec consternation et dégoût que plusieurs stèles musulmanes du cimetière du sud de Strasbourg ont été dégradées, cette nouvelle profanation m'inspire un sentiment d'indignation et de grande colère", a-t-il déploré dans un communiqué. "C'est la quatrième fois depuis le début de l'année que des actes similaires sont commis en Alsace. Ces actes lâches et odieux sont un outrage à la conscience collective. Je lance un appel pressant aux autorités publiques pour qu'elles mettent fin à cette série de profanations indignes qui visent des lieux de recueillement", a-t-il souligné. "C'est triste et décevant que la communauté musulmane soit ciblée", a renchéri Saïd Aalla, le président de la grande mosquée de Strasbourg. "Je n'arrive pas à trouver les mots pour définir des actes qui n'arrêtent pas de se perpétuer. Le vendredi est un jour sacré pour les musulmans. Il est triste et révoltant pour les familles de découvrir que la tombe d'un fils, d'une fille, d'un mari ou d'une épouse a été profanée", a-t-il ajouté. La profanation a également été dénoncée par la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme. "C'est un acte révoltant et stupide, qui survient après une accumulation de faits similaires", a fustigé son président local. Le sénateur-maire de Strasbourg, Roland Ries, a également déploré ce "saccage, expression d'une haine viscérale". "Il y a manifestement dans cette ville un ou des groupuscules qui s'en prennent aux morts et qu'il faut mettre hors d'état de nuire. Ces actes sont la négation de la civilisation et vont à l'encontre des traditions humanistes de Strasbourg", a dénoncé M. Ries, qui fustige "une volonté réelle de casser la concorde sociale". L'Union pour la majorité parlementaire (UMP) a exprimé, de son côté, sa "vive indignation" et qualifié ces actes de vandalisme "ouvertement racistes" d'"intolérables sur le sol français". Ces actes "exigent la plus grande fermeté des pouvoirs publics, l'identification rapide et la punition sévère des coupables de ce délit", a déclaré le porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé. Entre 20 et 30 tombes ont été la cible d actes de profanation, dans la nuit de jeudi à vendredi. Certaines stèles ont été simplement renversées, d'autres brisées avait annoncé la mairie de Strasbourg, rappelle-t-on. Les tombes profanées datent de 1993 et de 2005, a indiqué Me Anne Pernelle Richardot, l'adjoint au maire de Strasbourg en charge du cimetière. La police scientifique s'est déplacée pour relever d'éventuelles traces d'ADN, a précisé le procureur de la République de Strasbourg, Patrick Poiret, qui affirme qu'une enquête a été ouverte. Strasbourg est la première ville en France à avoir annoncé, début juin, la création d'un cimetière confessionnel musulman sous gestion publique. Celui-ci devrait voir le jour à l'automne 2011.