Chacune des huit tombes était couverte de tags figurant des symboles nazis, des croix gammées ou la lettre H qui caractérise le nom de famille d'Adolf Hitler. «Le chef de l'Etat condamne avec la plus grande fermeté cet acte raciste particulièrement odieux et demande aux services de police et à la justice de tout mettre en oeuvre pour retrouver les auteurs de ce geste inqualifiable et de les sanctionner sévèrement», a indiqué le communiqué de l'Elysée après que Nicolas Sarkozy ait exprimé sa «consternation» suite à la profanation de huit tombes de soldats marocains de la Seconde Guerre mondiale du carré musulman du cimetière de Montjoie-Saint Martin, sud de la Manche. Ces tombes ont été souillées et recouvertes d'insignes nazis dans la nuit de lundi à mardi. Le carré militaire abrite aussi deux tombes de soldats français qui ont été épargnées. Sans doute pour marquer et signer cet acte raciste. Les condamnations sont unanimes et vigoureuses mais sans pouvoir arrêter la dangereuse, spirale d'une islamophobie qui désormais se manifeste à travers la profanation des sépultures. Le Rassemblement des musulmans de France (RMF) a montré son «profond dégoût devant ces actes répétés et lâches» visant la communauté musulmane de France. La Grande Mosquée de Paris a «déploré une fois de plus un acte caractéristique d'islamophobie avec cette odieuse profanation». Dans un communiqué diffusé jeudi, elle a rappelé et mis l'accent sur «l'héroïsme qui a été celui de tous les soldats musulmans morts pour la France durant la Première et la Seconde Guerre mondiale». Le secrétaire national du Parti socialiste aux droits de l'homme, Pouria Amirshahi a déclaré qu'«à travers ces soldats marocains, c'est la France elle-même qui est blessée dans son identité». Pour sa part, l'ex-secrétaire du PS à l'égalité, Faouzi Lamdaoui, a dénoncé un «acte inacceptable et odieux», se montrant préoccupé par «la recrudescence de ces actes barbares, un an et demi après la dégradation de tombes dans le cimetière militaire d'Arras». En effet, au début du mois d'avril 2008 plus de 170 tombes musulmanes du cimetière militaire Notre Dame de Lorette, près d'Arras dans le nord de la France ont subi l'horreur d'une profanation sans borne. Elles ont été recouvertes «d'inscriptions qui visent directement l'Islam. Une tête de porc a même été pendue à l'une des tombes», avait révélé le procureur de la République de la ville. Il faut rappeler qu'une année auparavant et presque jour pour jour, ce même carré musulman avait subi le même sort. 52 tombes avaient été badigeonnées d'inscriptions nazies et de croix gammées. Il est à se demander si ces oubliés de la République ne paient pas la politique de la France vis-à-vis de ses anciens combattants africains qui ont servi de chair à canon durant les deux guerres mondiales. Ceux encore en vie aujourd'hui touchent des pensions cinq fois inférieures à celles des soldats français. Comme si le sang qu'ils ont versé pour libérer la France était moins cher que celui d'un ancien combattant français. Aujourd'hui, c'est la mémoire de ceux qui ont payé de leur vie, que l'on souille.