Les pays du Sahel doivent considérer l'enjeu sécuritaire comme un "impératif" et une "priorité" de gouvernance, de stabilité et de développement, a affirmé, lundi à Alger, le directeur général par intérim du Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme (CAERT), Lies Boukraa. "Cela implique que l'ensemble des appareils d'Etat des pays de la région, notamment ceux nécessaires à la lutte antiterroriste (services de sécurité, armée et appareil judiciaire) soient totalement mobilisés pour contrer la menace terroriste", a souligné M. Boukraa lors d'une conférence-débat organisée par le Centre d'études stratégiques du quotidien El Chaab. Il a ajouté que "toute défaillance dans la cohérence des politiques, toute tentative d'agir individuellement et toute tentative de vouloir isoler l'autre laissera le champ libre à des acteurs étrangers pour intervenir à des fins d'instrumentalisation de ce phénomène (le terrorisme)". Il a estimé que cela risquerait d'entraîner une "radicalisation" de toute la zone du Sahel qui se traduirait par un embrasement à un niveau qui deviendrait incontrôlable, non seulement pour les pays de la région mais même pour ceux qui sont concernés à l'extérieur. M. Boukraa a relevé, par ailleurs, que le Sahel attire toutes les convoitises du fait des richesses de son sous-sol (pétrole, gaz, uranium, or et autres). Il a appelé, dans ce sens, à "tenir compte de la menace que représente l'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) au Sahel", soulignant l'"urgence de réduire les capacités de nuisance" de cette organisation terroriste. "Il faut éliminer l'AQMI. Mais il faut aussi relativiser son importance", a-t-il indiqué, ajoutant que l'AQMI "n'est pas un danger aussi grand que veulent nous faire croire les Occidentaux". "On a toujours instrumentalisé la menace de l'AQMI dans le but de contrôler les richesses de la région, caractérisée par des vulnérabilités considérables, telle son extrême pauvreté", a indiqué M. Boukraa. "La menace terroriste, amplifiée, exagérée, surmédiatisée, voile les véritables enjeux et menaces. Qu'ils s'appellent AQMI ou autre, il s'agit d'acteurs cherchant à tirer profit du désordre saharien. Il faut alors être prudent afin d'y voir clair et de déceler ce qui relève de l'intox et de la réalité", a-t-il dit.