L'Islam est une religion de tolérance, d'ouverture sur autrui, qui encourage le dialogue civilisationnel et qui n'est pas contre la modernité, a souligné, mardi à Alger, le président du Haut conseil islamique (HCI), Cheikh Bouamrane. "La modernité ne veut nullement dire épouser les idées et croyances des autres. Il s'agit pour nous de ramener des autres ce que nous n'avons pas (et qui nous est utile) tout en conservant notre identité et notre culture", a tenu à rappeler le président du HCI, qui s'exprimait à l'occasion du forum d'El Moudjahid dont le thème était "l'Islam et la modernité dans l'espace musulman". Tout en admettant que le choc des civilisations et des cultures était à son faîte, le conférencier a tenu à mettre en évidence le fait que l'islamisme politique n'a rien à voir avec l'islam authentique qui lui, est, entre autres, synonyme de paix et de tolérance. Pour lui, cette notion d'islamisme politique s'est accentuée depuis la guerre d'Irak, faisant remarquer l'inexistence, dans le lexique utilisé, de la notion de christianisme politique ou de judaïsme politique. Faisant une chronologie de la pensée musulmane depuis l'âge d'or de l'islam, M. Bouamrane n'a pas omis de faire allusion à l'apport de certains philosophes, dont Ibn Rochd (Averroès), tout particulièrement, qui ont eu un aperçu de la philosophie grecque et dont l'influence exercée a été des plus indéniables. Réfutant les attaques acerbes et l'acharnement dont l'islam fait l'objet, notamment de la part des Orientalistes qui l'accusent d'"immobilisme" et de "fanatisme", le président du HCI a fait savoir que la notion d'"ijtihad" (le fait d'adapter certaines données à un contexte bien déterminé), réalisée par des savants ayant fait leurs preuves en théologie, permettait de lever bien d'équivoques et de trouver des solutions à de nombreux problèmes et incompréhensions. "On accuse les musulmans de maltraiter les femmes au moment où une récente enquête fait ressortir qu'en France et en Espagne, la majorité des époux battent leurs femmes", martèle M. Bouamrane. S'intéressant à la notion de terrorisme, le président du HCE s'est demandé pourquoi l'on veut à tout prix la coller à l'islam, relevant qu'en Irlande, les protestants et les catholiques s'entre-tuent depuis 25 ans presque dans l'indifférence (auxquels il faut ajouter les bouddhistes du Sri Lanka) sans que cela ne suscite l'indignation et la réprobation des puissants de ce monde. "J'ai bien apprécié l'avis d'un philosophe français qui, à la faveur d'un récent article de presse, a préconisé de parler de fanatisme plutôt que de parler de terrorisme", a insisté M. Bouamrane. Concernant ce dernier point, le président du HCI a insisté pour dire que son institution dénonçait, avec la plus grande vigueur, les profanations dont font l'objet, en Europe, les mosquées et les cimetières. Au sujet des zaouïas, l'orateur a indiqué que le HCI encourageait celles qui dispensent le savoir, le Coran, le hadith et même les langues étrangères, a-t-il ajouté. Concernant le poste de mufti de la République, M. Bouamrane a rappelé que le dossier s'y rattachant se trouvait entre les mains du président de la République et qu'il appartenait à ce dernier de trancher cette question. "Nous avons fait part d'un certain nombre de propositions. Nous encourageons la désignation d'un mufti avec un conseil (direction collégiale)", a indiqué le président du HCI. Lors du débat, outre la nécessité de faire la distinction entre l'Islam et les musulmans, l'accent a été mis sur le fait que ces derniers, de par leurs comportements et de leur incompréhension du vrai islam, ont donné l'occasion à leurs ennemis de les fustiger, de les dénigrer et de les accuser de sous développement.