OUM EL BOUAGHI - Les zaouïas qui sont les plus anciennes institutions socioculturelles et religieuses en activité dans le pays, "constituent le lien vivant entre le passé et le présent de la nation", ont souligné, mercredi à Oum El Bouaghi, les participants au 1er séminaire national sur les Tariqas soufies et les zaouïas. Elles (les zaouïas) ont ainsi pu "conserver toute la profondeur spirituelle de l'identité nationale", ont-ils affirmé à l'ouverture de cette rencontre qui se tient à la salle des conférences de la bibliothèque publique d'Oum El Bouaghi. Initiée par la coordination nationale des associations de soutien au programme du président de la République (CNASPR), la rencontre a réuni plus de 500 participants représentant les 48 wilayas du pays. Approchés par l'APS, plusieurs participants ont salué cette initiative, mettant l'accent sur "la convergence naturelle" entre les valeurs de paix, de concorde et de solidarité qui animent l'action des zaouïas depuis leur fondation par les "qotb" (maîtres spirituels) du soufisme, et la politique de réconciliation nationale, initiée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Dans ce contexte, un membre central de la CNASPR, Abderrahmane Sellam, a mis l'accent sur le rôle historique que jouèrent les zaouïas dans la résistance contre le colonialisme, affirmant que celles-ci "tinrent un rôle de premier plan dans la conservation des référents religieux de la nation". Il a notamment cité, dans ce contexte, un orientaliste dont la connaissance de l'histoire contemporaine de l'Algérie est reconnue, Marcel Emerit en l'occurrence, auteur notamment de "L'Algérie à l'époque d'Abdelkader" (1951), et qui met en évidence le rôle fondamental des zaouïas dans l'organisation des mouvements de résistance à la présence française, qui ont marqué le XIXème siècle en Algérie. Pour sa part, le Dr Mohammed Benbrika, spécialiste du soufisme en Algérie, a estimé que l'enseignement en Algérie "doit apporter une contribution plus prononcée", pour assurer la pérennité des valeurs spirituelles de la Nation et pour ce faire, les manuels scolaires ne doivent pas se contenter, a-t-il estimé, de "citer simplement des étapes historiques de la résistance populaire mais aussi familiariser la jeunesse avec les grands maîtres du soufisme, qui sont également des esprits éclairés, des réformateurs, des moudjahidine et des figures de l'humanisme". L'intervenant considère également que "l'histoire des zaouïas atteste qu'elles constituent un vecteur de lutte contre l'ignorance et l'obscurantisme, de par même le fait que le soufisme valorise la science et la recherche des voies de la connaissance". De son côté, Brahim Benchakr de la zaouïa de Bir Mokadem (Tébessa), a mis l'accent sur l'intérêt d'une telle rencontre car, a-t-il affirmé en substance, "l'expérience spirituelle, éducative, religieuse et sociale des zaouïas, peut et doit aboutir à un dialogue avec le monde politique qui ne peut se passer de sa contribution, quand il s'agit d'approfondir des questions telles que la paix, la solidarité et la réconciliation nationale". Un autre participant, Abdelaziz Bekkouche de la zaouïa Alaouia d'Annaba, s'est félicité de la tenue de cette rencontre qui "favorise la connaissance mutuelle entre différentes composantes de la société", estimant que "la défiance vis-à-vis des zaouïas qui a prévalu à certaines époques, est le fait de la méconnaissance et de l'ignorance des institutions qui demeurent la source de nos valeurs les mieux partagées". Abondant dans le même sens, Mohamed El Kacimi, inspecteur général du ministère des Affaires religieuses et du wakf, a souligné que les zaouïas demeurent "les citadelles d'où émergèrent la plupart des héros de la nation".