Le représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, a attiré l'attention du Conseil de sécurité sur la "grave" situation au Sahara occidental, suite à une vague d'exode de milliers de civils sahraouis vers des régions désertiques pour protester contre la grave détérioration de leurs conditions sociales et économiques. Dans sa lettre remise lundi au président du Conseil de sécurité de l'ONU, Ruhakana Rugunda, le représentant sahraoui a signalé que plus de 7.000 Sahraouis, essentiellement des familles entières, s'étaient installés la semaine dernière dans des tentes à quelques kilomètres des villes occupées d'El Ayoun, Smara et Boujdour pour protester contre la grave détérioration de leurs conditions sociales et économiques découlant du manquement du Maroc, en tant que puissance occupante, à respecter ses obligations en vertu des conventions de Genève. M. Boukhari a informé le Conseil de sécurité de l'envoi, vers ces zones, par les autorités marocaines, de hauts responsables marocains dont le général Bennani, chef de la gendarmerie, et le ministre de l'Intérieur pour tenter de persuader la population vivant dans les camps improvisés à reconsidérer leur décision, "mais sans succès", compte tenu du manquement du Maroc à ses obligations pour l'amélioration des conditions sociales et économiques de la population sahraouie. "Le gouvernement marocain a décidé de recourir à des moyens inhumains, en entravant l'entrée des approvisionnements en eau et en nourriture dans les grands camps et en brûlant les camps de moindre taille. Les forces marocaines sont déjà intervenues pour bloquer cet exode massif des citoyens sahraouis dans la ville occupée de Boujdour, blessant 70 Sahraouis et procédant à des arrestations de dizaines de personnes", note la lettre. "La situation est très dangereuse, la tension est de plus en plus forte et pourrait à tout moment entraîner des effusions de sang", avise le responsable sahraoui. En effet, ajoute-t-il, "une tragédie humanitaire potentielle se profile au Sahara occidental à moins que l'ONU prenne des mesures urgentes en demandant à la MINURSO et au HCR de protéger la vie de ces populations sans défense dans ces régions désertiques et de leur fournir de l'eau et de la nourriture appropriées". Le Front Polisario, soutient-il, "estime qu'une issue tragique de cet exode de civils aurait des conséquences dévastatrices sur la mission actuelle de l'Envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross", qui se trouve actuellement en Algérie dans le cadre de sa tournée dans la région en vue de parvenir à un règlement au conflit du Sahara occidental. A cet effet, le Front Polisario "demande instamment au Conseil de sécurité de prendre les mesures et les décisions nécessaires pour assurer l'intégrité morale et physique de cette population dont beaucoup sont des enfants et des femmes", indique le représentant sahraoui. Dans le sillage de ces événements, M. Boukhari a rencontré lundi à New York le secrétaire général-adjoint chargé des opérations de maintien de la paix auprès de l'ONU, pour discuter de cette question.