Le Front Polisario a choisi la capitale espagnole, Madrid, pour remettre les pendules à l'heure dans le conflit qui l'oppose au Maroc depuis plus de 30 ans. Une conférence internationale de solidarité avec le peuple sahraoui a été organisée, hier, tard dans la soirée, dans cette ville, par la Task Force (coordination européenne des associations de soutien), la CEAS Sahara et la Fédération des institutions espagnoles solidaires du peuple sahraoui (FEDISSAH). Une occasion au cours de laquelle le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, devrait rappeler, lors de son discours, sa vision vis-à-vis du conflit. Selon le représentant du Front Polisario en Espagne, Brahim Ghali, le SG du Front Polisario « éclaircira » aussi, lors de cette conférence, « sa position sur ce qui circule actuellement dans les médias », allusion faite au « projet d'autonomie » du Sahara-Occidental concocté par le Maroc pour tenter, une nouvelle fois, de se soustraire à la légalité internationale. Le choix du timing de la tenue de cet événement, dont le thème principal est consacré à « la situation actuelle du conflit et les perspectives de solution », n'est pas fortuit, selon notre source. C'est en effet durant la même journée que le SG des Nations unies, Kofi Annan, devait présenter son rapport au Conseil de sécurité de l'ONU. Un rapport dont des extraits ont été publiés, hier, par des agences de presse américaines et où le SG de l'ONU, Kofi Annan, prône « des négociations directes » entre le Maroc et le Front Polisario. mais ce dernier les a immédiatement « rejetées » via son représentant à l'ONU, Ahmed Boukhari. Un rejet qui, assure-t-on, restera ferme tant que Rabat continuera à nier au peuple sahraoui son droit légitime à l'autodétermination à travers un référendum organisé et supervisé par l'ONU. Kofi Annan a averti, toutefois, dans son rapport que « l'ONU ne peut soutenir un plan qui exclut un référendum légitime alors qu'elle recommande de concéder l'autodétermination au peuple du Sahara-Occidental ». « Un nouveau plan sera voué à l'échec parce que le Maroc le rejettera de nouveau », a-t-il prédit dans ce rapport basé sur des « propositions » qu'a fournies le successeur de James Baker, Peter Van Walsum. M. Annan a, en outre, exprimé sa « préoccupation » concernant le blocage de la situation au Sahara-Occidental et les graves violations des droits humains dans les territoire occupés par les autorités coloniales marocaines. Le Conseil de sécurité, a précisé le SG de l'ONU, ne peut permettre que le blocage actuel continue et que la situation se détériore de telle sorte à créer un niveau d'instabilité dans la région qui menace la paix et la sécurité internationales. Bien que la Minurso n'est pas habilitée à intervenir, « l'ONU est engagée dans la défense des principes internationaux des droits humains », a rappelé M. Annan dans le document présenté au Conseil de sécurité de l'ONU. M. Annan a demandé également une prorogation de six mois du mandat de la Minurso, jusqu'au 31 octobre 2006, pour stabiliser et superviser le cessez-le-feu et dans l'espoir de faire des progrès dans le processus de décolonisation du territoire. Cela étant, la position de l'Espagne sur le dossier reste « floue ». Celle-ci, selon Brahim Ghali, « n'est pas claire et n'est pas loin de celle de la France ». Il convient de signaler qu'un rassemblement sera organisé aujourd'hui en milieu de journée devant l'ambassade du Maroc à Madrid pour exiger le respect des droits humains dans les territoires occupés du Sahara-Occidental et l'application des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Des rumeurs disent qu'un contre-rassemblement sera également organisé par l'ambassade du Maroc en Espagne devant celle de l'Algérie.