Des musicologues et des spécialistes ont plaidé, en marge du 4ème festival international du Malouf de Constantine, pour la sauvegarde et la réhabilitation du "oud arabi", un luth spécifiquement maghrébin, aujourd'hui en voie de disparition. Ce luth qui, pour porter le nom de "oud arabi" ne doit pas être confondu avec le luth arabe oriental, possède des spécificités qui sont "les seules pouvant rendre avec précision et authenticité l'âme de la musique maghrébine", a souligné, mardi au cours d'une conférence, le musicien et musicologue marocain Omar El Mettioui. Louant le fait que cet instrument ait pu être sauvegardé à Constantine où quelques spécimens de ce luth existent encore, El Mettioui qui a déjà fortement plaidé la cause de luth lors de la précédente édition du festival, est revenu à Constantine avec le chercheur et luthier espagnol Carlos Paniagua, auteur de recherches ayant abouti à la reconstitution du "Oud Erraml", un autre nom du oud arabi, appelé également kouithra. Dans les spécimens qu'il a pu retrouver dans des musées, dans les expressions plastiques d'Andalousie, ou chez des collectionneurs privés, le chercheur espagnol, animant lui aussi une conférence sur le sujet, a mis en lumière les spécificités du oud Erraml qui, a-t-il dit, présente, par rapport au luth arabe d'orient, des différences au niveau du manchon et de la caisse de résonance ainsi que sur le plan de la disposition des cordes. Ces spécificités, reflets d'une évolution différente de la musique arabe du Maghreb au cours des siècles derniers, sont "une véritable richesse de cette musique", a souligné El Mettioui, appelant les ministères de la culture des pays du Maghreb à inclure la réhabilitation de cet instrument dans leurs programmes. Le recul des connaissances liées à ce oud est aujourd'hui "tel -dira ce chercheur- que sa renaissance devient pressante et requiert une politique d'Etat en la matière", pour que son enseignement soit inclus dans les programmes des écoles et des conservatoires de musique, seule voie, selon lui, pour que ce luth réintègre rapidement sa place dans les orchestres. Outre d'avoir développé ce oud spécifique, les maghrébins ont mis ''beaucoup d'amour et d'imagination dans sa fabrication et sa décoration'', a encore ajouté le conférencier, appuyant ses propos par des images filmées des spécimens de cet instrument qu'il a pu retrouver. Ces images ont montré des luths d'une grande beauté, que ce soit par la noblesse de leur bois, la perfection de leur fabrication ou la finesse de leurs décors, facteurs qui "plaident encore plus pour leur sauvegarde et leur réhabilitation", notera le conférencier. Il a également considéré, dans ce sens, qu'il est "urgent d'oeuvrer d'ores et déjà en direction d'une sensibilisation à même de faire reprendre conscience aux gens quant à la valeur et l'importance des instruments de musique traditionnels fabriqués selon les normes des anciens qui, a-t-il relevé, "devraient retrouver leur place usurpée par les instruments d'importation dont la mauvaise qualité a beaucoup nui à notre musique''.La réhabilitation doit se faire "de pair avec la relance de l'artisanat de fabrication d'instruments de musique traditionnels", un autre métier menacé de disparition, a encore plaidé Omar El Mettioui.