Le lac Tchad pourrait disparaître totalement si des mesures urgentes ne sont pas prises pour le sauvegarder, se sont alarmés les participants au Forum mondial pour le développement durable clôturé dimanche à N'djamena. Après deux jours de débats scientifiques et politiques ayant marqué le forum tenu sous le thème : "sauver le lac Tchad", un cours d'eau menacé de disparition à cause de son rétrécissement, les experts ont adopté des recommandations qui seront soumises aux bailleurs de fonds. Autrefois considéré comme "la mer intérieure en Afrique", le lac Tchad dont dépend la survie de plus de trente millions de personnes devrait être classé comme "patrimoine de l'humanité" en vue de mobiliser le maximum de potentialités sur le plan international pour arrêter son assèchement, a-t-on affirmé. "Autant la fonte des glaciers dans le grand Nord nous préoccupe, en raison de la montée du niveau des océans et des catastrophes qu'elle entraîne, autant le péril environnemental majeur sous les tropiques, que représente le risque de disparition du lac Tchad, devrait aussi nous interpeller, comme citoyens du monde, soucieux du destin commun de l'Humanité", a dit le président Sénégalais, Abdoulaye Wade, cité par des médias. Partagé par le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun, le lac Tchad est "une zone d'importance vitale pour plus de 30 millions d'habitants riverains du lac", selon les estimations de l'ONU. En outre, des estimations climatiques de la Nasa et d'autres études scientifiques ont indiqué que depuis 1963, la superficie du lac où le niveau de l'eau a beaucoup baissé, s'est considérablement réduite, alors qu'il représentait "un des plus grands réservoirs d'eau du monde". "De 25000 Km2, le lac Tchad est passé aujourd'hui à 2500 Km2. Ce qui signifie qu'il a perdu 90% de sa superficie", a-t-on constaté. Ainsi, aux yeux des spécialistes qui se sont inquiétés pour l'avenir des populations limitrophes et mesuré le danger qui menace l'écosystème, "la disparition du lac constituerait une très grave catastrophe environnementale et humanitaire". Etant donné que le lac est menacé de disparition d'ici une vingtaine d'années, les intervenants lors du Forum de N'djamena ont souligné l'importance d'une "implication réelle" des bailleurs de fonds. Beaucoup d'arguments ont été présentés dans ce sens pour expliquer que l'assèchement de cette étendue d'eau serait également "une source potentielle d'instabilité liée à l'épuisement des ressources dont dépendent les populations riveraines". En plus de la surexploitation quotidienne des eaux du lac et les effets de la pollution, les changements climatiques sont, en outre, parmi les causes qui aggravent la menace sur l'avenir du lac et multiplient les effets qui pourraient provoquer des crises alimentaires en Afrique. Cette réalité nécessite "la mobilisation générale" pour éviter au continent africain d'être transformer en "un immense désert", a-t-on indiqué auprès du Bureau des affaires spatiales de l'ONU, qui insiste sur l'utilisation des données satellites pour prévenir l'avancée du sable et la baisse du niveau des lacs en Afrique. Pour ce faire, les participants aux assises de N'djamena ont, en outre, recommandé des mesures pour accompagner les recherches scientifiques "coordonnées et mutualisées" en vue d'élaborer collectivement un plan de sauvegarde du lac Tchad.