Le bilan du Forum mondial de l'eau, tenu à Istanbul, au mois de mars dernier, a été rendu public. A noter que le thème de la gestion de bassin et de la coopération transfrontalière a été largement discuté durant ledit forum. Le Réseau international des organismes de bassin (RIOB) et l'Unesco se sont vu confier la tâche de coordonner les cinq sessions officielles du thème, entièrement consacré à ce sujet et qui a fait l'objet d'une large mobilisation préparatoire depuis plus d'un an. Ces cinq sessions, qui se sont tenues les 20 et 21 mars 2009, ont permis d'entendre 63 communications d'organisations très diverses, représentant tous les courants d'opinion et les différentes parties du monde. Des questions comme le statut "international" ou non des eaux transfrontalières, les modalités de réalisation et de financement d'ouvrages communs, la ratification de la Convention des Nations unies de 1997, ou la gestion des aquifères transfrontaliers ont vu s'affronter des positions divergentes, exprimées parfois avec véhémence, notamment de la part de nombreux collègues turcs, montrant qu'il est encore difficile d'arriver à un réel consensus général. Mais une très large majorité des participants ont convergé sur l'intérêt que présentent les approches par bassin, nationales et transfrontalières, pour faire face aux grands défis mondiaux de la gestion des ressources en eau. Les conclusions et recommandations générales des débats ont porté, entre autres, sur une forte volonté politique et des engagements à long terme pour instaurer une gestion par bassin et la coopération transfrontalière permettant de faire face aux changements futurs. Les progrès réalisés jusqu'ici restent cependant insuffisants pour permettre de s'adapter à un monde en grande mutation. Des stratégies adaptatives orientées vers le maintien de l'intégrité des bassins versants et des systèmes aquifères devraient devenir la norme des politiques nationales et internationales. Cela suppose que les eaux de surface soient gérées au niveau des basins des rivières et des lacs et les eaux souterraines au niveau des aquifères, quand ces deux ressources sont utilisées ensemble, elles doivent être gérées conjointement ; que les informations essentielles, qualitatives et quantitatives, soient produites et rendues accessibles sur les ressources, leurs usages, les pressions polluantes, les écosystèmes et leurs fonctions, le suivi de leurs évolutions, l'évaluation des risques et l'économie du secteur. Cette information doit être utilisée comme une base objective pour le dialogue, la négociation, la prise de décisions et le suivi de leur application, ainsi que pour la coordination des financements des différents donneurs, et que les administrations gouvernementales concernées et les autorités locales, les représentants des différentes catégories d'utilisateurs de l'eau et des associations de protection de l'environnement ou d'intérêt public participent à la prise des décisions. Cette participation gagnerait à être organisée dans des Comités ou Conseils de Bassin. Il est question aussi que des plans de gestion ou schémas directeurs de bassin fixent clairement les objectifs à atteindre à long terme pour garantir l'intégrité des ressources en eau et que les moyens de formation et d'éducation consacrés à la mise en œuvre de la coopération et à la gestion par bassin, augmentent de façon significative. Les instruments juridiques existants ou en développement, ainsi que les outils techniques adaptés et les expériences acquises doivent être plus largement diffusés, grâce aux efforts des agences et des réseaux d'organismes de bassin pour assurer la promotion de la gestion des ressources en eau transfrontalières. A retenir également que les ministres ayant participé à la rencontre ont déclaré qu'ils allaient "renforcer la prévention des pollutions émises dans les eaux de surface et souterraines par tous les secteurs en appliquant de façon appropriée le principe pollueur payeur", et qu'ils étaient résolus à développer, appliquer et renforcer des plans et programmes transnationaux, nationaux ou/et locaux pour anticiper et prévenir les effets possibles des changements globaux. Enfin, ils ont aussi déclaré qu'"ils prendraient, de façon appropriée, des mesures tangibles et concrètes pour améliorer et promouvoir la coopération pour assurer un usage durable et la protection des ressources en eau transfrontalières grâce à des actions coordonnées entre pays riverains, en conformité avec les accords existants et/ou d'autres arrangements appropriés, prenant en compte les intérêts de tous les pays riverains concernés. Ils travailleront à renforcer les institutions qui existent et à en développer de nouvelles et, si nécessaire, appliquer les instruments nécessaires pour améliorer la gestion des eaux transfrontalières". Synthèse N. B