Grâce au concours du président gabonais, Omar Bongo Ondimba, l'opposition et le pouvoir tchadien ont renoué le contact dans la perspective de réconcilier l'ensemble des composantes du peuple tchadien, comme l'explique l'ancien chef de l'Etat tchadien et président du Frolinat, Goukouni Weddeye, aux lecteurs de Liberté. Liberté : Monsieur le Président, nous avons appris qu'il y a eu dernièrement des rapprochements entre les différentes factions tchadiennes et le pouvoir en place à N'Djamena. Qu'en est-il ? M. Goukouni Weddeye : Effectivement, comme vous le soulignez, il y a eu des contacts entre quatre factions de l'Est et le pouvoir en Libye, à Tripoli. Mais c'est dommage que la rencontre de Tripoli n'ait pas abouti à des résultats concrets. D'autre part, lors de mon précédent séjour à Libreville, j'avais demandé à Son Excellence le Président Omar Bongo Ondimba de nous aider à réconcilier l'opposition tchadienne et le pouvoir en place afin de sauver notre pays de la désintégration. Après l'aval du Président Idriss Deby Itno, le Président Omar Bongo Ondimba, doyen des chefs d'Etat africains, s'est engagé à faire la paix au Tchad. Avec son appui, j'avais organisé une consultation avec les opposants tchadiens de différentes sensibilités politiques et de la diaspora pour jeter les premiers jalons d'une véritable négociation avec le pouvoir en vue de ramener la paix et la quiétude au Tchad. Voilà en bref ce qui s'est passé ces derniers temps. Le Frolinat que vous dirigez aurait pris part à des tractations à Libreville, au Gabon et au Tchad. Pouvez-vous nous donner davantage d'informations sur ce sujet ? Comme je disais, la rencontre de Libreville a réuni des Tchadiens de sensibilités politiques différentes et de la diaspora afin de converger leurs idées pour entamer des négociations avec le pouvoir. Au cours de nos discussions, nous sommes parvenus à unir nos efforts en dehors de toute influence partisane ou tendancielle afin d'évoluer dans le cadre de la paix. Quelle lecture faites-vous, Monsieur le Président, de la nouvelle position du gouvernement en place à N'Djamena ? Lors de notre rencontre à N'Djamena avec le Président Idriss Deby Itno, en présence du vice-président gabonais et le Vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères gabonais, moi-même et la délégation qui m'accompagne avions constaté une nette évolution du pouvoir de N'Djamena pour la recherche d'une véritable paix globale. C'est dans ce souci que le président tchadien avait pris l'engagement de mettre sur pied un comité tripartite composé des représentants du gouvernement tchadien, des membres du groupe de Libreville et des Gabonais afin de préparer une feuille de route. Le comité tripartite n'est pas encore constitué, mais je souhaite rencontrer dans un bref délai toutes les factions politico-militaires de l'est du pays. Je ne peux que m'en réjouir de cette position et encourager les uns et les autres à tout mettre en œuvre pour une solution pacifique du problème tchadien. Comment s'annonce l'avenir du Tchad eu égard de ces derniers développements ? Du forum de consultation organisé du 16 au 20 juillet à Libreville et de notre rencontre du 30 juillet avec le Président Idriss Deby Itno à N'Djamena, il en ressort que les Tchadiens, par un sursaut national, avaient pris conscience de la gravité de la situation du pays et cherchent à briser la chaîne de divisions et de la désolation pour favoriser la paix et l'unité nationale. Pour faire face au défi imposé par la nouvelle donne internationale, les Tchadiens se doivent de surpasser leurs querelles intestines et de prendre des décisions courageuses et audacieuses allant dans le sens de la paix, de la concorde, de la tolérance et de l'unité. Les Tchadiens de tous les bords ont compris que l'heure de la paix et de la réconciliation nationale a sonné. Pour terminer, permettez-moi de profiter de cette opportunité pour réitérer toute ma gratitude à Son Excellence Elhadj Omar Bongo Ondimba, au gouvernement et au peuple gabonais pour les efforts consentis lors de mon séjour pour la réussite de notre forum. Qu'il me soit permis de lancer un vibrant appel à tous les chefs d'Etat soucieux de l'instauration de la paix au Tchad d'appuyer le Président Omar Bongo Ondimba pour une réussite totale de la démarche initiée à Libreville par les différentes sensibilités tchadiennes. Merci de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer pour la deuxième fois à travers votre journal.