Le tribunal criminel près la cour d'Alger se prononcera dimanche sur l'affaire du naufrage du navire "Bechar" de la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN) survenu le 13 novembre 2004, a appris l'APS samedi. Les six mis en cause, en l'occurrence l'ex-PDG de la CNAN, le directeur de l'équipement et techniques, le directeur technique des navires, l'inspecteur technique du navire Bechar, le directeur de l'armement des navires et l'ingénieur technique chargé du suivi des navires, sont poursuivis pour "la mise à la disposition du capitaine d'un navire en mauvais état et insuffisamment équipé et la navigation d'un navire dont la validité du titre de sécurité avait expiré", ce qui a causé le naufrage du navire et coûté la vie à 16 des 18 membres de son équipage. Dans la dernière plaidoirie du collectif de défense, l'avocat Cherif Chorfi qui a plaidé, trois heures durant, la cause de l'inculpé Z. Salah, l'inspecteur technique du navire Bechar, a tenté d'écarter le chef d'accusation retenu contre son mandant attestant, en présentant des documents qu'il a remis au tribunal, que ce dernier avait chargé des personnes qualifiées de réparer le navire Bechar, mais ces derniers avaient failli à leur mission. Selon l'arrêt de renvoi, les faits remontent au 13 novembre 2004 lorsque le capitaine du navire Bechar avait lancé par radio des appels de sauvetage vers 17h et "insisté" auprès de la capitainerie, des gardes-côtes et du centre chargé des secours pour l'envoi "immédiat" d'hélicoptères afin de sauver les membres de l'équipage. "Les promesses qui lui avaient été faites n'ont été tenues qu'aux environs de 04:00, le 14 novembre 2004 lorsqu'un hélicoptère était arrivé en provenance de Palma (Espagne), mais le navire avait déjà fait naufrage", précise la même source. D'après le même document, le "mauvais" état du navire était l'une des cause de son naufrage, sachant que "tous les certificats de validité du navire étaient périmés" et n'ont pas été renouvelés car ce dernier n'avait pas subi les "travaux de maintenance périodiques", outre l'état "défectueux" d'un des trois générateurs du navire, de même que d'autre "failles techniques" au niveau de certains équipements. Dix membres d'équipage étaient absents ce jour là dont cinq relevant du "staff sécuritaire" libérés par le capitaine du navire à l'instar du mécanicien en chef. Parmi les victimes du naufrage du navire Bechar, le commandant de bord, le défunt Ahcène Bidi, son assistant Amiour Ahmed, le mécanicien Bahbouh Khireddine, Zeggar Said, Bouneb Sobhi, Zitouni Abderrahmane, Sai Mohamed, Yousfi Ismail et Ouettas Brahim. Le procureur général avait requis, vendredi, la prison à perpétuité à l'encontre de cinq accusés, en l'occurrence l'ex-PDG de la CNAN, le directeur de l'équipement et techniques, le directeur technique des navires, l'inspecteur technique du navire Bechar et le directeur de l'armement des navires et deux ans de prison ferme contre le sixième accusé, l'ingénieur technique chargé du suivi des navires. Le Collectif de défense impute aux services de sauvetage la responsabilité du naufrage du "Bechar" ALGER - Le Collectif de défense des principaux mis en cause dans l'affaire du naufrage du navire "Bechar" de la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN) a imputé, samedi dans ses plaidoiries devant le tribunal criminel près la Cour d'Alger, la responsabilité du naufrage du navire aux services de sauvetage. Composé de plusieurs avocats dont maîtres Mokrane Ait Larbi, Khaled Bourayou et Ali Meziane, le collectif de défense a précisé que les six accusés du naufrage du cargo qui a fait 18 morts parmi les membres d'équipage "ne répondent pas à la qualité d'armateur du navire". "Comment le procureur général a-t-il pu requérir la perpétuité à l'encontre de cinq accusés et deux ans de prison ferme contre le sixième mis en cause alors que tout le monde reconnaît à ces cadres une carrière professionnelle irréprochable et des compétences avérées", s'est interrogé Maitre Ait Larbi. Le collectif de défense a tenu à préciser que les accusés dans l'affaire du naufrage du Bechar "ont été poursuivis sur une mauvaise base, car ne remplissant pas la condition d'+armateur du navire+ prévue par le code maritime" ajoutant que l'article 488 du code en question "fixe des conditions bien précises concernant l'armateur à mettre en cause cas de naufrage". La défense a imputé le naufrage du navire "aux services de sauvetage qui ont failli à leur mission arguant de mauvaises conditions climatiques et d'un manque de moyens", précisant qu'il était possible pour ces services de sauver des naufragés s'ils avaient agi à temps "en mobilisant tous les moyens de sauvetage nécessaires notamment l'utilisation d'hélicoptères". Après avoir rappelé tous les dispositifs d'intervention rapide mis en place pour assister les victimes à l'instar du centre national des opérations de surveillance et de sauvetage, les avocats de défense ont jugé "très lourde" la peine de perpétuité requise par le parquet contre les mis en cause. La défense a tenu à rappeler que le navire "Bechar" était en rade "à quelques mètres du port lors du naufrage et non en navigation", comme en témoigne l'enquête menée par les services de Gendarmerie nationale immédiatement après le naufrage. Concernant la responsabilité de la CNAN dans l'accostage du Bechar au niveau de la zone quatre au port d'Alger, la défense a affirmé qu'"elle n'est pas établie, car le premier responsable sur ce plan n'est autre que le commandant de bord et les services de contrôle au niveau du port". Le procureur général avait requis, vendredi, la prison à perpétuité à l'encontre de cinq accusés, en l'occurrence l'ex-PDG de la CNAN, le directeur de l'équipement et techniques, le directeur technique des navires, l'inspecteur technique du navire Bechar et le directeur de l'armement des navires et deux ans de prison ferme contre le sixième accusé, l'ingénieur technique chargé du suivi des navires. Selon l'arrêt de renvoi, les chefs d'accusation retenus contre les prévenus sont "la mise en service un navire en mauvais état et insuffisamment équipé et dont la validité du titre de sécurité avait expiré". Le naufrage du Bechar en novembre 2004 a fait 18 morts parmi les membres d'équipage, rappelle-t-on. Le tribunal criminel près la cour d'Alger avait entamé l'examen de cette affaire en octobre dernier avant de le reporter pour "absence des avocats de deux prévenus". Le président du tribunal avait, alors, ordonné la désignation d'avocats d'office pour les défendre. Le tribunal criminel d'Alger avait déjà jugé cette affaire en mai 2006 et condamné 5 accusés à 15 ans de réclusion chacun. Quand au 6e prévenu, l'ingénieur technique chargé du suivi des navires, il avait écopé d'une peine d'une année de prison avec sursis. Les six prévenus avaient introduit un pourvoi en cassation en 2006 auprès de la Cour Suprême.