Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est intervenu lundi à Tripoli sur le thème "Energie, changements climatiques et espace", dans le cadre des travaux du 3e sommet Afrique-Union européenne. Voici le texte intégral de son intervention: "Messieurs les co-présidents, Il n'est pas nécessaire de souligner l'importance cruciale des disponibilités en énergie pour l'accélération du processus de développement économique et social en Afrique. L'énorme déficit en infrastructures énergétiques, malgré de vastes potentialités en sources d'énergie diversifiées, y compris écologiques, constitue une contrainte majeure entravant la mise en valeur optimale des énormes gisements de croissance du continent. L'un des objectifs essentiels du Partenariat euro-africain porte précisément sur le desserrement de cette contrainte en vue de permettre à l'Afrique de répondre à la fois aux besoins du secteur économique et à la demande sociale ainsi qu'à une partie importante des besoins de ses partenaires. Il me plaît, à cet égard, de constater d'une part que la dynamique du dialogue a été engagée avec la première conférence de nos ministres de l'énergie en septembre 2010, et d'autre part le lancement d'une première initiative visant à permettre l'accès à l'énergie pour 6 millions de personnes en Afrique. Le défi reste cependant d'envergure. L'immense champ qu'offre au partenariat euro-africain la valorisation des sources d'énergie africaines nécessite à l'évidence des moyens considérables en capitaux, en capacités d'études, de réalisation et de gestion. D'où la nécessité non seulement d'accroître les financements classiques tels que les investissements directs, le co-financement et le partenariat public-privé, mais également de recourir à d'autres mécanismes prévisibles et additionnels de financement. L'Europe, en y participant de manière conséquente, permettrait à ses entreprises concernées d'en tirer parti, de renforcer sa sécurité d'approvisionnement, et à ses autres secteurs économiques de bénéficier d'effets d'entraînement. Les domaines retenus par le nouveau Plan d'action triennal nous paraissent pertinents parce qu'ils mettent l'accent en particulier sur la question du financement, tout en s'inscrivant dans une démarche cohérente et intégrée. L'Afrique, consciente du défi que pose l'impact des changements climatiques sur son processus de développement, s'est dotée d'une stratégie pour y faire face et, dans le même temps, promouvoir un développement durable. Les progrès dans la mise en œuvre de cette stratégie ont été toutefois insuffisants en raison de divers obstacles dont la rareté des capacités et des moyens n'est pas le moindre. Nous estimons donc nécessaire que le partenariat euro-africain accorde davantage d'attention à ce volet afin de permettre au continent d'être en mesure de mener avec succès les processus d'adaptation aux effets des changements climatiques dont l'origine est à 96 % extra-africaine. Dans ce contexte, l'Afrique devrait bénéficier de financements conséquents au titre de l'adaptation aux changements climatiques. Elle devrait bénéficier d'une partie importante des financements à court terme promis à Copenhague. Elle restera aussi vigilante pour œuvrer à la réalisation des promesses de niveau de financement de 100 milliards/an à atteindre à partir de l'an 2020, et l'orientation d'une part substantielle de ces ressources à destination de notre continent. Elle considère aussi qu'il est impératif que les pays les plus pollueurs prennent des engagements précis et à la hauteur des défis climatiques pour la phase post-2012 au service des générations futures. De même, il importe de renforcer le soutien aux programmes africains de développement des énergies renouvelables, d'efficacité et de rationalisation énergétique. Il est clair, aussi, que les avancées de la coopération euro-africaine dans les domaines de la lutte contre la dégradation des sols, la déforestation et la désertification serviront de catalyseur à une coopération plus large pour relever ces défis qui ne sont pas seulement africains, mais globaux. A cet égard, les technologies spatiales peuvent jouer un rôle des plus positifs, surtout dans la mesure où notre coopération se propose d'en transférer la technologie, d'en encourager les applications et d'en rendre le coût plus accessible. Elles offrent en effet une vaste palette d'application forte utile notamment pour la protection de l'environnement, la prévention et la gestion des catastrophes naturelles et la santé. Je vous remercie".