La tension est montée d'un cran en Côte d'Ivoire où des affrontements armés ont opposé lundi soir à Abidjan les Forces Nouvelles (FN, ex-rébellion) qui soutiennent Alassane Ouattara aux forces loyalistes de Laurent Gbagbo, tous deux à la recherche d'un parfait soutien de l'armée pour s'assurer le pouvoir. Des accrochages ont eu lieu lundi à Abidjan près du grand hôtel Golf situé dans le quartier huppé de Cocody à Abidjan, où sont retranchés les partisans de l'opposant Ouattara, a précisé un porte parole du gouvernement de Ouattara, faisant état d'"un seul blessé". Les affrontements ont opposé les FN aux soldats loyalistes de Gbagbo qui ont dressés des barrières près de l'hôtel Golf qui sert de quartier général aux partisans de M. Ouattara et aux membres du gouvernement de son Premier ministre et chef des FN Guillaume Soro, a-t-il ajouté. Dans la matinée, des correspondants de presse ont rapporté que des tirs avaient été entendus près de l'hôtel occupé par le camp Ouattara, fortement soutenu par la communauté internationale comme président légitime de la Côte d'Ivoire. "Des éléments des FN ont dégagé par des tirs de sommation des soldats de l'armée loyaliste", a indiqué à la presse un responsable de la police. Née de la proclamation contestée de Gbagbo comme "président", la crise post-électorale en Côte d'Ivoire a provoqué déjà des affrontements similaires qui ont fait, il y a plus d'une semaine, au moins 20 morts, selon une ONG des droits de l'homme. Pour presser le président sortant de quitter le pouvoir, l'Union européenne (UE) compte imposer "sans délai" des "mesures restrictives" contre M. Gbagbo et les siens en raison de leur refus de reconnaître la victoire de leur rival Ouattara à la dernière élection présidentielle. Selon un projet de déclaration adopté, lundi matin à Bruxelles, par les ambassadeurs des pays membres de l'UE, ces sanctions "incluront une interdiction de visas et un gel des avoirs". Les mesures restrictives de l'UE "cibleront notamment les responsables qui ont refusé de se placer sous l'autorité du Président démocratiquement élu (Ouattara), dont une première liste devrait être adoptée rapidement", a ajouté le texte, en faisant référence claire à Laurent Gbagbo et à ses partisans. Toujours selon le projet de déclaration, l'UE promet aussi "de prendre des mesures en soutien des autorités démocratiquement élues" et invite sa chef de la diplomatie Catherine Ashton "à faire des propositions dans ce sens". Les ministres européens des Affaires étrangères, qui se réunissent dans l'après-midi à Bruxelles doivent valider ce projet de déclaration. De son côté, l'Union africaine (UA) s'est située dans la perspective de résoudre le conflit politique en Côte d'Ivoire et elle fera tout son possible pour y aboutir, a affirmé lundi le président de la Commission de l'UA, Jean Ping. Ce dernier a indiqué qu'il s'agit pour l'UA de préserver la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire, qui s'est retrouvée au lendemain du second tour de la présidentielle tenu fin novembre, avec deux présidents, Ouattara soutenu par la communauté internationale comme "chef d'Etat légitime" et Gbagbo qui refuse de quitter le pouvoir en dépit des pressions internationales. Les deux rivaux, qui ont formé leurs gouvernements différents, sont engagés depuis dans une rude concurrence pour le contrôle de l'armée, de l'administration et des finances pour s'assurer le pouvoir. Ouattara a été donné vainqueur par la Commission électorale indépendante ivoirienne (CEI) avec 54,1% des suffrages. Mais le Conseil constitutionnel acquis à Gbagbo, avait invalidé ces résultats et avait proclamé ce dernier président avec 51,45% des suffrages.