Le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo a formé un "gouvernement de combat", ignorant les pressions internationales l'exhortant à céder le pouvoir à son rival, tandis que le Conseil de sécurité de l'ONU compte adopter une résolution pour l'obliger à "respecter la volonté du peuple ivoirien" qui a élu Alassane Ouattara. Au palais présidentiel à Abidjan, Gbagbo a présidé la première session de son gouvernement qu'il a formé mardi pour mettre en échec son opposant Alassane Ouattara, proclamé "président élu" de la Côte d'Ivoire, qui s'est retrouvée samedi dernier avec deux présidents et deux gouvernements différents. Son rival Ouattara a, lui aussi, nommé au poste de Premier ministre, le chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro. Ce dernier a indiqué que son camp voulait "rendre effectif" son pouvoir, en misant sur une prise de contrôle des finances publiques dans les prochains jours. "C'est nous qui avons le pouvoir, il s'agit de le rendre effectif", a déclaré M. Soro, qualifiant le président sortant de "dictateur". "Gbagbo est non seulement un tricheur mais un dictateur. Quiconque n'accepte pas le jeu démocratique, le verdict du peuple et le résultat des élections est un dictateur", a ajouté M. Soro, qui a réuni lundi à Abidjan son gouvernement. Le gouvernement de Gbagbo est essentiellement formé de ses partisans qui occupent des postes clés au pouvoir comme Djidji, conseiller influent et ex-ambassadeur à l'ONU et ancien ministre des Affaires étrangères. Quant à l'opposant Ouattara, il a présenté des postes gouvernementaux aux membres de son cabinet, dirigé par M. Soro, et qui a connu l'adhésion de l'ancien ministre des Finances de Gbagbo, Tcharles Kofi Deby. Ces évènements ont provoqué une montée accrue de tension entre les deux camps aggravant davantage la crise en Côte d'Ivoire, suspendue mardi par l'Organisation régionale ouest-africaine (Cédéao), lors de son somme tenue mardi à Abuja (Nigeria. "A partir d'aujourd'hui, nous suspendons la Côte d'Ivoire de toutes nos activités", a déclaré le président du Nigeria, Goodluck Jonathan à la fin du sommet de la Cédéao à Abuja, appelant le président sortant ivoirien à respecter les résultats de l'élection présidentielle du 28 novembre dernier tels que certifiés par l'envoyé spécial de l'ONU à Abidjan, M. Choi Youn-jin. Mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU, M. Choi Youn-jin a réaffirmé que le candidat Ouattara avait remporté la présidentielle ivoirienne "avec une nette avance" sur le président sortant. "Un seul candidat a remporté l'élection, avec une nette avance", a indiqué M. Choi par vidéo-conférence depuis Abuja (Nigeria). "M. Ouattara est le gagnant du scrutin présidentiel", a-t-il insisté, précisant avoir certifié les résultats annoncés par la Commission électorale indépendante ivoirienne (CEI). A l'ONU, une déclaration conjointe du Conseil de sécurité de l'ONU a été bloquée par la Russie, qui estime que le Conseil onusien outrepassait son mandat en déclarant le candidat Alassane Ouattara vainqueur de l'élection ivoirienne. Les Etats-Unis et la France mènent une intense bataille diplomatique pour obtenir le départ de M. Gbagbo. Le président américain Barack Obama a formellement mis en garde le président sortant ivoirien contre un "isolement accru" et dit qu'il subirait les "conséquences de ses actes injustes" s'il s'accrochait au pouvoir. Pour sa part, l'Allemagne exhorté le sortant Gbagbo à "accepter la volonté" de l'électorat et à se retirer". La situation en Côte d'Ivoire risque de prendre une autre tournure du fait des inquiétudes de voir le pays confronté à des violences après des affrontements armés meurtriers entre les deux camps, qui ont fait au moins 20 morts, selon une ONG des droits de l'homme. Inquiète face au climat d'insécurité qui plane sur la Côte d'Ivoire, l'ONU a déjà commencé mardi matin à retirer leur personnel non essentiel du pays, soit 460 personnes au total.