Le président élu de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara a rejeté l'offre de dialogue présentée par le chef d'Etat sortant, Laurent Gbagbo, durcissant ainsi le bras de fer politique qui oppose les deux rivaux depuis le second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre dernier. En réponse à l'appel de dialogue lancé vendredi par M. Gbagbo, qui se revendique vainqueur du scrutin, l'opposant Ouattara, soutenu par la communauté internationale comme "président légitimement élu", a écarté tout contact avec le sortant, tant que ce dernier "persiste dans son refus de reconnaître la victoire légale de son adversaire". "Tant qu'Alassane Ouattara, président de la République, n'est pas reconnu par tous, toute négociation est écartée", a déclaré à la presse Patrick Achi, porte-parole du cabinet de Ouattara. Dirigé par le chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) Guillaume Soro, le gouvernement de Ouattara a ajouté accepter toutefois de négocier les conditions du départ de Gbagbo "non reconnu". "Si c'est pour (discuter) les conditions de son départ, on peut négocier", a ajouté M. Achi. "Pour nous, il y a un préalable: Alassane Ouattara est président", a-t-il insisté. De son côté, le gouvernement de Laurent Gbagbo a accusé des diplomates occidentaux d'"avoir tenté d'influencer" des officiers de l'armée pour les pousser à se mettre sous l'autorité de Ouattara. Ces accusations sont intervenues au lendemain de l'appel lancé à l'armée par M. Soro pour qu'elle reconnaisse Ouattara "comme leur chef suprême". En l'absence de dialogue, la crise ivoirienne risque de s'aggraver davantage en dépit des efforts de l'Union Africaine (UA) et de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), qui tentent d'assainir le climat pour débloquer l'impasse politique. Dans ce cadre, le Chef de l'Onuci, Choi Youn-jin a eu déjà une série d'entretiens samedi avec l'Archevêque d'Abidjan, Jean-Pierre Kutwa, et avec le président élu Ouattara. M.M Choi et Ouattara ont discuté de la situation post-électorale qui règne depuis deux semaines dans le pays. le responsable de l'Onuci s'est déclaré "prêt" à rencontrer le président sortant Gbagbo. Les deux rivaux, Gbagbo et Ouattara ont tous deux revendiqué leur victoire à la présidentielle ivoirienne et ont formé deux gouvernements différents, s'engageant depuis dans une course pour le contrôle de l'administration et des finances publique pour s'assurer le pouvoir. Face à cette situation de crise, plusieurs organisations représentant la société civile ivoirienne ont appelé dimanche à "un compromis politique" pour une sortie de l'impasse. "La solution est beaucoup plus politique que juridique", a estimé l'organisation pour la démocratie et la justice en Côte d'Ivoire (Odjci), ajoutant que dans la recherche de ce compromis, la Commission électorale (CEI) "pourrait être autorisée à organiser de nouvelles élections". Pour l'Odjci, cela permettra de "décrisper la situation actuelle qui n'arrange pas l'image du pays". Pour sa part, la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI) a proposé que "les bureaux de votes où des irrégularités ont été relevées soient recensés et que les votes y soient recomptés sous la supervision des institutions compétentes et des observateurs qualifiés". La CSCI a aussi appelé au "sens de la responsabilité" des deux candidats au second tour de la présidentielle afin qu'ils acceptent cette solution politique "impartiale, transparente, démocratique et pacifique". Alassane Ouattara a été donné vainqueur par la CEI avec 54,1% des suffrages. Mais le Conseil constitutionnel acquis à Laurent Gbagbo, avait invalidé ces résultats et avait proclamé ce dernier président avec 51,45% des suffrages. Depuis, une tension accrue persiste entre les deux camps, et des actes de violences ont été signalés à Abidjan, où au moins vingt personnes ont été tuées dans des affrontements, selon une organisation des droits de l'homme.