Les interventions des membres du Conseil de la nation se sont focalisées, lundi lors du débat sur la Déclaration de politique générale du gouvernement, sur la nécessité de la prise en charge de la jeunesse, toutes catégories confondues et dans tous les domaines. Plusieurs membres du conseil, de différentes tendances politiques, ont insisté sur l'importance de s'occuper davantage de la jeunesse afin de l'intégrer dans la vie économique et de tirer profit de sa compétence. Mme Zohra Drif-Bitat s'est interrogé "si réellement l'Etat a fait le nécessaire pour permettre aux jeunes de relever les défis du 21e siècle et de vivre décemment comme ils le méritent". Elle s'est dit être "intriguée" que "le peuple ne semble pas être heureux et comblé malgré les sommes colossales que réserve l'Etat au développement à tous les niveaux". Pour Mme Drif-Bitat, "l'Etat s'est attelé à tout réaliser en quantité au dépens de la qualité", donnant l'exemple de la formation des cadres, notamment les gestionnaires qui, selon elle, "ne sont pas aptes à faire face à la concurrence interne et externe". Mme Drif-Bitat a ainsi posé ce qu'elle a appelé "le problème de la qualité et de la compétitivité de la formation". Prendre en charge la jeunesse, pour Mme Drif-Bitat, c'est aussi "traiter le phénomène des harraga à la base, par l'éradication de ses causes, à commencer par rendre l'espoir perdu aux jeunes". Pour sa part, Mme Louisa Chachoua, a estimé que "trouver de l'emploi aux jeunes diplômés reste l'un des plus grand défis à relever dans les années à venir". Elle a relevé que l'exode des jeunes diplômés, notamment dans les spécialités très demandées, pose un "sérieux problème" à l'Etat qui "a sacrifié des sommes colossales à les former sans bénéficier de leurs compétences et de leurs performances pour le développement dont il a tellement besoin". Mme Chachoua propose, a ce sujet, de prendre les mesures nécessaires afin de suivre les compétences dès l'université, comme c'est le cas dans les pays développés, afin de les intégrer dans la vie active à la fin du processus de leur formation. La question du chômage des jeunes a également été abordée par les intervenants à l'instar de Saïd Aroussi qui a salué l'effort de l'Etat à ce sujet, appelant le gouvernement à "se pencher davantage sur la question" les années à venir. M. Mokhtar Si Youcef a, de son côté, relevé avec satisfaction la baisse du taux de chômage, ce qui "atteste", de son avis, de la volonté du gouvernement à user de toutes les potentialités et les possibilités afin de faire face à ce phénomène. Pour ce membre du Conseil de la nation, il est impératif de développer l'industrie et les secteurs des services afin de créer plus de postes d'emploi. Un autre membre du conseil, en l'occurrence, M. Chekhab Lakmissi, a interpellé le gouvernement sur le retard dans la réalisation du nouveau pôle universitaire déjà engagé dans la wilaya de Khenchla. D'autres intervenants, à l'instar de M. Mahmoud Zidane, ont appelé à la réhabilitation des valeurs morales de la société, par le moyen des médias qui "devraient y participer, notamment, en abordant la drogue et le Sida". Il a appelé, dans ce contexte, l'Etat à réglementer les prêches et prendre en charge l'éducation "juste" des percepts de l'islam mais aussi à améliorer le niveau de l'encadrement des institutions religieuses. Certains ont, par contre, interpellé le gouvernement à poursuivre ses efforts dans les domaines de la formation professionnelle, la recherche scientifique et l'enseignement supérieur. Pour M. Zidane, l'enseignement supérieur doit être organisé en fonction des besoins économiques de même qu'il doit répondre aux besoins du développement en général. D'autres membres du Conseil de la nation ont abordé le phénomène de la corruption, le qualifiant de "danger dévastateur" de l'économie et de "menace réelle" du développement national, de la démocratie et de la stabilité sociale. M. Si Youcef a souligné, à ce sujet, la nécessité de mettre en place des mécanismes "plus efficaces" pour l'éradication de ce phénomène. Pour d'autres membres du conseil, la priorité devrait aussi être donnée à la gestion locale et au développement local et la prise en charge des localités enclavées, notamment en les dotant d'infrastructures sanitaires, d'éducation et autres. Par ailleurs, Mme Drif-Bitat a exprimé ses "inquiétudes à ce qui se trame dans la région du Sahel", interrogeant le gouvernement sur les mesures que compte prendre l'Etat pour préserver le pays. Elle a aussi proposé, en outre, l'installation d'une commission nationale pour préparer la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance. D'autres intervenants ont relevé le retour de la stabilité et la paix, grâce à l'application des modalités de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, appelant à la prise en charge "complète" des conséquences de la tragédie nationale. La majorité des intervenants ont fait part de leur satisfaction du bilan présenté par le Premier ministre, exprimant l'espoir de voir de "meilleurs résultats" dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, notamment en matière de développement humain. Le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, a présenté dimanche la Déclaration de politique générale du gouvernement devant les membres du Conseil de la nation. La Déclaration couvre un bilan d'activité de 18 mois, soit l'année 2009 et le premier semestre de l'année 2010. Cette période coïncide avec la fin du programme quinquennal 2005-2009 et le lancement du nouveau programme 2010-2014.