L'universitaire et chercheur en histoire de la Révolution algérienne et du mouvement national, Mohamed Corso, a souligné samedi à Alger que le défunt Ferhat Abbas "était très proche" de cheikh Abdelhamid Ben Badis malgré les différences politiques et idéologiques entre des deux hommes. Intervenant lors d'une conférence consacrée à la personnalité de Ferhat Abbès, organisée au Forum d'El Moudjahid, le Pr Korso a mis l'accent sur les relations entre l'Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA) que présidait Ferhat Abbas, et l'Association des Oulémas algériens, à partir de 1936, affirmant que "malgré leurs différences politiques et idéologiques et en dépit de la polémique qui avait éclaté entre les deux hommes, Ferhat Abbas et cheikh Ben Badis étaient très proches". Il a relevé, dans ce contexte, à propos d'un article écrit par cheikh Ben Badis, que celui-ci "ne visait pas la personnalité de Ferhat Abbas" mais cherchait, plutôt, à "attirer l'attention des élites algériennes francophones sur les dangers de l'option de l'assimilation". Pour illustrer les "liens étroits" qu'entretenaient Ben Badis et Ferhat Abbès, le Pr Corso a rappelé que Ferhat Abbas avait accompagné Ben Badis lors de son déplacement à Paris après le Congrès musulman de 1937. Il a également estimé que le programme de l'UDMA était "complémentaire" de celui des Oulémas, affirmant qu"'il n y a jamais eu de rupture entre les deux hommes". Le chercheur a souligné, en outre, l'attachement de Ferhat Abbas à la culture et l'identité algérienne, contrairement à ce qui a pu être dit parfois. "Ferhat Abbas n'a jamais été français", a-t-il affirmé, ajoutant qu"'il était un fervent défenseur de l'Islam". Il rappelé ainsi sa réponse à Louis Bertrand, un idéologue de la colonisation, qui avait proféré des "insultes" à l'égard du prophète Mohamed (QSSSL). Il s'agit d'un long article de presse, publié en 1922, dans lequel Ferhat Abbès a mis en exergue "les valeurs spirituelles de l'Islam et la dimension de la personnalité du prophète Mohamed (QSSSL)", a-t-il précisé. L'écrivaine algérienne, Leila Benmansour, a axé, de son côté, son intervention sur le combat de Ferhat Abbas pour la liberté. Elle a souligné, dans ce cadre, que le président de l'UDMA accordait beaucoup d'importance à l'éducation de la jeunesse et avait, aussi, lutté contre le code de l'indigénat et pour la liberté d'expression.