Les participants au séminaire international sur la littérature maghrébine d'expression française, clôturé jeudi à Batna, ont appelé à “dépasser la question de savoir pourquoi écrire en français, pour s'intéresser plutôt à la dimension esthétique et culturelle des textes” Les participants au séminaire international sur la littérature maghrébine d'expression française, clôturé jeudi à Batna, ont appelé à “dépasser la question de savoir pourquoi écrire en français, pour s'intéresser plutôt à la dimension esthétique et culturelle des textes”. “La créativité n'a pas de langue”, ont souligné les intervenants, estimant que la littérature maghrébine d'expression française, particulièrement la littérature algérienne, y compris celle traduite de l'arabe, “a considérablement contribué au cours de ces dernières années, et même avant, à l'enrichissement de la littérature mondiale”. La littérature maghrébine d'expression française “a été et sera toujours porteuse d'un message civilisationnel qui ouvre une fenêtre sur l'histoire, la culture, les préoccupations et les espoirs des habitants de ce vaste espace de la Méditerranée qu'est le grand Maghreb”, ont-ils souligné. “Qui ne connaît pas aujourd'hui Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Assia Djebbar, Rachid Boudjedra, feu Tahar Ouettar, Lamine Zaoui, Ouassini Laaredj ou Yasmina Khadra qui sont autant de noms qui ont “brillé dans le ciel maghrébin mais aussi dans le ciel littéraire de l'autre, au point de faire de la littérature algérienne un phénomène étudié en Occident”, a relevé le romancier et poète Rachid Boudjedra. Le Dr. Mourida Akaichi, de l'université de Jendouba (Tunisie), qui a consacré à l'université de Lyon (France) sa thèse de doctorat au romancier Mohamed Dib, a reconnu que ce qui l'attire vers la littérature algérienne d'expression française, c'est “la force expressive, la créativité, l'argumentaire et l'organisation des textes”. De son côté, le Pr. Karl Agerup, de l'université de Stockholm (Suède) a centré son étude sur les romans de Yasmina Khadra (Mohamed Moulessehoul), “L'attentat” et “Les sirènes de Bagdad”. Il a estimé que l'auteur y manifeste une “ambition didactique à l'égard du lecteur occidental” lorsqu'il affirme “je prends l'Occidental par la main et je l'emmène au commencement du malentendu. Je le sensibilise et lui prouve que ce monde-là ne traverse pas une crise idéologique mais politique”. Pour sa part, le Pr. Guy Dugas, de l'université de Montpellier (France), a soutenu dans sa communication : “Littérature maghrébine d'expression française entre colonial et post colonial”, qu'il n'existe pas une littérature mais “des littératures maghrébines d'expression française”. Contraints, à une certaine période, de s'exprimer en français pour pouvoir prendre la parole, les écrivains maghrébins ont recouru après les indépendances au français, selon les intervenants, “pour affirmer dans la langue de l'autre, leur identité propre et leurs spécificités sans renoncer à la langue mère”. Ils ont également recommandé d'accorder une plus grande place à la littérature maghrébine d'expression française dans les programmes des départements universitaires de la langue française et même ceux de la langue arabe. Pour le président du séminaire, le Dr Saïd Khadraoui, cette rencontre qu'il a qualifiée de “réussie” a été marquée par des interventions et des débats de “haut niveau scientifique” grâce, a-t-il noté, à la participation de nombreux universitaires algériens suédois, français et tunisiens. Selon le même universitaire, un accord de principe a été conclu avec Rachid Boudjedra et Lamine Zaoui pour consacrer l'édition 2012 de la rencontre à leurs deux expériences littéraires. Initié par le département de langue française de l'université de Batna et l'école doctorale algéro-française, ce séminaire de deux jours a donné lieu à l'organisation de ventes-dédicaces des œuvres des écrivains Rachid Boudjedra et Lamine Zaoui, invités d'honneur de la rencontre.