Propos recueillis par Mohamed Belalia Les nouveaux redresseurs du FLN ne baissent pas les bras. Ils comptent déloger Abdelaziz Belkhadem du poste de secrétaire général du parti. Ils envisagent même de mener leur propre campagne électorale lors des législatives de 2012, contre les listes de Belkhadem. Comment vont‐ils faire ? Dans cet entretien, Abdelkrim Abada expose la stratégie des nouveaux redresseurs. Quelle est votre appréciation sur la gestion actuelle du FLN ? Le FLN ne se porte pas bien. Je partage l'avis d'Abdelhamid Mehri qui a dit que ce parti n'est pas en mesure de gérer la prochaine étape. Le parti est mal géré. L'actuel secrétaire général Abdelaziz Belkhadem a commis des dérives politiques et identitaires graves. Depuis le 8e congrès, les lois et les principes du parti ont été piétinés. Les militants sont perdus. Le FLN n'a plus d'identité. Il se contente d'applaudir les décisions officielles alors qu'il devait avoir un programme et un discours politique. La gestion de Belkhadem pousse les militants à courir derrière les intérêts personnels. Quant au secrétaire général, il utilise le parti pour ses propres intérêts. Il se voit comme le successeur de l'actuel président de la République. Il a tout préparé. Un congrès sur mesure et un comité central, qui désigne le candidat du parti, acquis à sa cause. Il exclut toute voix discordante. Le FLN a créé les commissions de vigilance et des finances. Pourquoi ? La commission de vigilance est un organisme de renseignement dont la mission est de récolter des informations et de faire des rapports à Belkhadem sur les tendances au sein du parti. Sur qui est avec lui et qui est contre lui. Cette commission va donc lui permettre de mieux connaître ses adversaires. La commission des finances et des entrepreneurs a pour rôle la préparation du financement de la campagne électorale à la présidentielle du candidat Belkhadem, sur le modèle américain. Ce qui est en contradictions avec ses déclarations sur la nécessité d'éloigner les hommes d'affaires de la politique. Le FLN est le parti de la classe ouvrière. Belkhadem dit que le parti restera au pouvoir jusqu'en 2030. Nous savons que c'est au peuple de choisir ses dirigeants. Comment peut‐il dire qu'il restera au pouvoir jusqu'en 2030 ? Cela signifie que Belkhadem se voit déjà comme le successeur de Bouteflika en 2014. Il pense qu'il obtiendra un 2e mandat en 2019 et un troisième mandat en 2024 ! Ces déclarations sont à l'origine des évènements de janvier dernier. Comment peut‐il décider de l'avenir de toute une génération ? Le mouvement de redressement a évoqué récemment le recours à la justice et aux rassemblements. Ces actions n'ont pas été menées... Notre mouvement a pour objectif de corriger les dérives actuelles du parti. Ce n'est pas une question d'intérêts personnels et de postes de responsabilités. Au début, des responsables du parti étaient d'accord que la situation au FLN est catastrophique. Après, on s'est interrogé sur ce qu'il fallait faire. On a alors décidé d'agir, de résister. On a lancé le mouvement et proposé des solutions. Le parti doit revenir aux militants. Le dernier congrès a été marqué par la fraude et on a demandé d'écarter du comité central tous les intrus. On a proposé la réélection du secrétaire général, même avec Belkhadem comme candidat. On a aussi proposé de refaire les élections dans les kasmates où les scrutins ont été contestés par les militants. Pour la gestion du FLN, Belkhadem s'est dit disposé à recevoir tous les contrôles possibles. Quel est votre commentaire ? Il y a un malentendu sur ce dossier. On n'a pas parlé de l'argent qui rentre officiellement dans les caisses du parti, mais de celui qui provient des donateurs et des personnes inconnues et suspectes. Cet argent arrive illégalement au FLN. Tout le monde sait que la direction du parti reçoit de l'argent et des cadeaux, ce qui nuit aux militants. On a rejeté ces pratiques, mais on n'a pas de preuves. L'argent suspect provient de personnes suspectes comme les hommes d'affaires, via des cadeaux. On ne sait pas comment cet argent est dépensé parce qu'il n'est pas comptabilisé. Il y a des militants qui achètent leur poste, ce qui est inacceptable. Certains s'interrogent sur vos objectifs et vos soutiens ? On est en conflit avec Belkhadem en tant que secrétaire général du FLN, et non en tant que représentant personnel du président de la République. C'est une affaire interne au parti. On est des militants indépendants pour le redressement du FLN. On ne dépend d'aucune partie. A une année des élections législatives, le FLN est en pleine crise. Cela ne risque‐t‐il pas de l'affaiblir ? Le FLN risque d'être le grand perdant des prochaines élections. Le parti est divisé. La majorité est avec notre mouvement de redressement. On va organiser une contre‐campagne contre les listes de Belkhadem. On va présenter nos candidats. Il y a des militants qui rejettent la politique de l'actuel secrétaire général. On ne comprend pas comment Belkhadem ne prend pas en compte cette situation qui représente un danger pour tout le pays. Le FLN est le garant de la stabilité et des équilibres dans le pays. Son absence représenterait un danger sur le pays.