La crise qui secoue le Front de libération nationale (FLN) franchit un nouveau cap. Le mouvement de redressement menace de porter l'affaire devant la justice si le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, persiste à violer les statuts du parti, a affirmé le coordinateur général du mouvement de redressement, Salah Goudjil, lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. «Nous sommes en train de préparer des dossiers prouvant les violations des statuts du parti depuis la préparation du 9e congrès à aujourd'hui, et saisir ainsi la justice pour trancher sur la crise du parti», a fait savoir M. Goudjil. Et pour éviter que le scénario de 2004 ne se reproduise, il est demandé à A. Belkhadem «d'assainir le comité central du parti en écartant tous les éléments qui ne remplissent pas les conditions d'y siéger, geler toutes les décisions prises par la direction issue dudit comité central, se donner une période de trois mois pour élire démocratiquement les structures de base et ensuite aller vers une conférence nationale». Rappelant les «irrégularités» qui ont caractérisé la préparation et la tenue du 9e congrès du FLN, Salah Goudjil a indiqué que «Abdelaziz Belkhadem continue à semer la confusion au sein du parti en créant des instances parallèles à celles élues au congrès et il pratique l'exclusion dans l'élection des structures organiques». Dans quel objectif ? «Il ne fait pas l'ombre d'un doute que la direction du parti a en ligne de mire les prochaines échéances électorales. Elle veut des listes sur mesure aux élections locales et législatives», a soutenu le coordinateur du mouvement de redressement. Très critiques également à l'égard du comportement du président de l'APN, Abdelaziz Ziari, principal soutien de Belkhadem, les redresseurs l'accusent, tout comme d'autres ministres FLN, d'«avoir utilisé les moyens de l'Etat pour des activités partisanes et cela, dans le but de terroriser les militants. Ziari est devenu mouhafedh de la wilaya d'Alger», d'après Abdelkrim Abada. «Nous souhaitons voir Ziari être à la hauteur de la fonction qu'il occupe en tant que troisième homme de la République», a-t-il lancé. L'argent sale Cependant, la crise dans laquelle s'est enfoncé l'ex-parti unique n'est pas seulement d'ordre organique, elle est également politique. «Le parti est dévié de sa ligne idéologique depuis l'arrivée de Belkhadem à sa tête. Il a importé un slogan du Soudan, il a imprimé au parti l'organigramme du Parti national démocratique égyptien», a fustigé l'autre animateur du mouvement de redressement, Mohamed Seghir Kara. Les redresseurs estiment, dans le même sens, que le discours politique du parti est devenu «une véritable mascarade. Des positions impromptues et qui n'expriment que l'opinion personnelle du secrétaire général». «Lorsque Belkhadem déclare que le parti restera au pouvoir jusqu'à 2030, c'est politiquement inacceptable. Cela veut dire se maintenir au pouvoir en usant des méthodes illégitimes. C'est contraire à la démocratie», a dénoncé Abdelkrim Abada. Très acerbes dans leurs griefs, les redresseurs dénoncent «l'argent sale» qui remplit les caisses du parti. «Depuis l'arrivée de Belkhadem, le lobby des gens de la finance est devenu de plus en plus influent dans le parti comme au sein de l'Assemblée nationale», a affirmé M. Kara. De son côté, M. Abada s'est interrogé sur «le flux d'argent qui provient des hommes d'affaires et qui dépasse les limites fixées par la loi sur les partis. Où va cet argent ? Qui en profite ?» Autant de questions troublantes que soulèvent les redresseurs.