La célébration de la mi-Ramadhan dans les campagnes de la wilaya de Batna donne encore lieu à la pratique de la traditionnelle Ennafka, un acte communautaire séculaire de solidarité et d'entraide en ce mois de piété. Cette tradition a particulièrement cours dans la région d'Arris et ses environs. Elle est marquée par l'immolation de plusieurs agneaux, dont une partie des viandes est distribuée aux pauvres et aux démunis, et une autre partie utilisée pour la préparation de festins collectifs auxquels on convie les proches et les amis. Pour Moussa H., cette pratique est “héritée des aïeux”. Elle consiste à immoler un ou plusieurs ovins ou, à défaut, de caprins, dont la viande est ensuite partagée à parts égales entre les membres de la communauté y compris les nécessiteux. Les plus aisés sacrifiaient plus de bêtes, les distribuaient aux moins aisés et invitaient leurs proches à de somptueux repas collectifs. Les femmes préparent pour la circonstance de copieux plats traditionnels, notamment du couscous et de la chekhchoukha, ornés de gros morceaux de viande, de courgettes et de pois chiche. Mme Zerfa (78 ans) explique que ces plats sont “préparés en grandes quantités pour que l'on puisse les partager avec les proches et en donner en aumône aux plus démunis et aux voyageurs”. Ennasfia (la mi-Ramadhan) est une occasion, ajoute cette dame, pour réunir tous les membres de la famille dans la demeure du plus âgé. Les fils, les filles mariées, les frères et les petits-enfants prennent part à cette réunion durant laquelle les hommes “mangent à part et les femmes à part”, tient à préciser Mme Zerfa. Pour une autre femme de la région, Hadda en l'occurrence, la célébration de cette nuit de la mi-Ramadhan avait, jadis, un “goût bien particulier”. Elle avait lieu dans la grande maison qui réunissait pratiquement tous les membres de la famille, y compris les enfants mariés, et les femmes se partageaient l'ensemble des tâches. Même si cette tradition n'est plus aussi répandue qu'autrefois, elle est toutefois honorée dans beaucoup de mechtas et de campagnes des Aurès qui y trouvent une occasion de resserrer les rangs et de ranimer les relations et les liens parentaux qui les unissent.