Dans les campagnes de la wilaya de Batna, la célébration de la mi-ramadhan donne encore lieu à la pratique de la traditionnelle Ennafka, un acte communautaire séculaire de solidarité et d'entraide. Cette tradition est encore très répandue dans la région d'Arris et ses environs. Elle est marquée par le sacrifice de plusieurs agneaux dont une partie des viandes est distribuée aux pauvres et aux démunis, et une autre partie utilisée pour la préparation de festins collectifs auxquels l'on convie les proches et les amis. Cette pratique qui est héritée des aïeux, consiste à immoler un ou plusieurs ovins ou, à défaut, de caprins dont la viande est ensuite partagée à parts égales entre les membres de la communauté y compris les nécessiteux. Les familles les plus aisés sacrifiaient plus de bêtes, les distribuaient aux moins aisés et invitaient leurs proches à de somptueux repas collectifs. Pour la circonstance, les femmes préparent de copieux plats traditionnels, notamment du couscous et de la chekhchoukha, ornés de gros morceaux de viande, de courgettes et de pois chiche. Ces plats sont préparés en grandes quantités pour que l'on puisse les partager avec les proches et en donner en aumône aux plus démunis et aux voyageurs. A l'occasion de la Ennasfia -la mi-ramadhan- tous les membres de la famille se réunissent dans la demeure du plus âgé. Les fils, les filles mariés, les frères et les petits-enfants prennent part à cette réunion durant laquelle les hommes et les femmes mangent séparément. Pour les nostalgiques de la région, la célébration de cette nuit de la mi-ramadhan avait, jadis, un goût bien particulier. Elle avait lieu dans la grande maison qui réunissait pratiquement tous les membres de la famille y compris les enfants mariés, et les femmes se partageaient l'ensemble des tâches. Même si cette tradition n'est plus aussi répandue qu'autrefois, elle est toutefois honorée dans beaucoup de mechtas et de campagnes des Aurès. Une occasion de resserrer les rangs et de ranimer les relations et les liens parentaux.