Rania Hamdi /tsa/ Grâce à la pénétration de l'ADSL et du Wifi dans les foyers, la disponibilité, dans les commerces, des netbooks, des smartphones et même des tablettes numériques, ainsi que la prolifération des cybercafés dans les quartiers, l'Algérien est constamment connecté à Internet. Pourtant, à moins de deux mois des législatives, les autorités nationales – particulièrement le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, artisan de ce scrutin – les partis politiques et les potentiels candidats indépendants utilisent peu, voire pas du tout, dans leur communication électorale, les espaces et techniques qu'offre le web (blogs, Twitter, Facebook, site web, adhésion en ligne, podcasts, publicité en ligne...). « Nous n'avons pas encore travaillé sur la stratégie de communication de la campagne électorale. Nous nous concentrons actuellement sur la confection des listes de candidature. Après le 25 mars, nous examinerons la question », explique Djelloul Djoudi, responsable de la communication au Parti des travailleurs (PT) à TSA. « Evidemment, les nouvelles technologies de l'information sont un plus qui nous aidera lors de la campagne », ajoute‐t‐il. En janvier dernier, le site officiel du parti a été la cible d'une attaque de hackers. Il est toujours inaccessible. L'ancien ministre de l'Agriculture, Noureddine Bahbouh, qui vient de créer l'Union des forces démocratiques et sociales (UFDS), ne possède pas encore d'interface sur la toile. « Notre site est en construction. Nous l'utiliserons, quand il sera prêt, pour faire connaître le parti, son programme, ses membres fondateurs et les candidats que nous présenterons aux législatives », a‐t‐il indiqué. Il a précisé que le site web, dédié à l'UFDS est pris en main par des webmasters expérimentés. « Nous concevons un site interactif qui sera actualisé tous les jours pendant la période électorale. Nous pensons en outre ouvrir des pages Facebook et aussi utiliser le mailing et les SMS », a poursuivi notre interlocuteur. Depuis quelques jours, le ministère de l'Intérieur bombarde de SMS les abonnés des trois opérateurs téléphoniques pour les inciter à faire le déplacement aux bureaux de vote, le 10 mai prochain, espérant ainsi obtenir un taux de participation relativement élevé. « Voter est un acte de citoyenneté et de responsabilité », affirme le message du ministère. Là s'arrête son recours aux techniques de communication modernes. Sur son site, l'information relative aux législatives du printemps 2012 se limite à deux communiqués, l'un portant sur la convocation du corps électoral, le second sur la révision exceptionnelle du fichier électoral. Le RND met en ligne, sur son site web, les activités du secrétaire général du parti et de ses cadres ainsi que le programme des élections législatives... de mai 2007 ! « Nous restons sur la communication traditionnelle, pour l'instant », a expliqué Seddik Chiheb, membre du bureau politique du Rassemblement et vice‐président de l'APN. « Mais, on va utiliser Internet à fond », a‐t‐il promis. Afin de promouvoir sa propre candidature à la députation sur la liste du RND à Alger (une liste qui n'est au demeurant pas encore validée par Ahmed Ouyahia), Seddik Chiheb dispose de deux pages sur Facebook. L'une est gérée par de jeunes militants du parti dans la capitale et l'autre par ses propres soins. « Je consacre la matinée et une partie de la soirée à répondre aux questions et aux messages postés sur la page. Internet est, indéniablement, un atout à exploiter. Je n'avais pas cet outil en 2007 », a‐t‐il témoigné. En quelques années, Internet a marqué un grand virage dans la stratégie globale des partis politiques. Une étude, publiée récemment, a montré que la dernière campagne électorale américaine a été suivie davantage sur la toile que sur les journaux imprimés ou les chaînes de télévision. Il est avéré d'ailleurs que Barack Obama a gagné son élection à la Maison blanche grâce à l'intégration judicieuse et efficace des nouvelles techniques d'information dans sa communication électorale. Les candidats à la présidentielle française de mai 2012 investissent eux aussi la toile pour communiquer sur leurs plates‐formes politiques, informer sur leurs activités et leurs meetings par des podcasts audio et vidéo, fédérer des soutiens en ligne... et même pour invectiver l'adversaire. Internet offre aux candidats à une élection, quelle qu'en soit la nature, un accès facile, rapide et instantané à un large panel d'électeurs qu'ils n'auraient pu atteindre autrement. Pourtant, en Algérie, le réseau demeure sous‐exploité par les politiques. Seuls les islamistes ont relativement saisi l'enjeu. À l'image du MSP (Mouvement de la société pour la paix) qui, dans la perspective des législatives du 10 mai 2012, met en ligne sur son site web une multitude de documents présentant activités du parti ainsi que les objectifs de l'Alliance de l'Algérie verte. Il possède aussi de nombreuses pages sur Facebook. De manière globale, Twitter est assez marginal dans le pays.