Le chercheur marocain spécialisé dans les mouvements islamistes, Mohamed Drif, a indiqué que la région du sahel sera contrôlée par trois groupes issus de la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye. Drif a déclaré dans un entretien à El Khabar que le premier groupe est constitué des partisans de Kadhafi, des tribus targuies qui ont combattu à ses cotés, et sont rentrés chez eux particulièrement dans le nord du Niger. C'est un groupe qui, selon le chercheur, a acquis une expérience dans le combat et possède des armes « ce qui lui permet d'adhérer à la lutte contre le nouveau pouvoir en Libye, et tentera de cibler les intérêts occidentaux surtout qu'ils font porter à l'occident la responsabilité de la chute du régime de Mouammar Kadhafi ». Le deuxième groupe, ajoute l'analyste marocain, est constitué de nombreux africains qui étaient liés au régime Kadhafi et dont une partie à la nationalité libyenne. Ce groupe pourrait s'organiser pour ébranler la sécurité dans la région, pas pour venger Kadhafi mais pour tenter de récupérer ces pertes, sachant qu'il était soutenu financièrement par l'ancien régime libyen. Ce groupe dont les membres viennent de plusieurs pays sahélo-sahariens pourraient mener des guérillas pour obtenir des butins financiers ». Mohamed Drif a précisé que le troisième groupe est constitué de partisans libyens de Kadhafi qu'ils soient en Libye ou dans des pays voisins, et qui seront motivés par des raisons tribales pour ébranler la sécurité de la région ». Les trois groupes auront au vu de la nouvelle situation politique qui les a crées, un impact sur la région du sahel qui sera déterminé par deux facteurs qu'expliquent Drif comme suit : « le premier facteur est lié aux nombreuses allégeances qu'a tissé Kadhafi dans plusieurs pays africains comme le Mali er le Niger. Le deuxième est la volonté de l'organisation d'Al-Qaida au Maghreb Islamique d'exploiter les nouveaux changements dans la région à son avantage. Cette organisation aura certainement un intérêt commun avec ces trois groupes de cibler les intérêts occidentaux particulièrement en Libye pour empêcher l'occident de bénéficier de la rente pétrolière, Al-Qaida surveille la situation en Libye pour bénéficier en cas d'exclusion des activistes du groupe de combattants libyens d'avoir une part de responsabilité dans le nouveau régime politique. Al Qaida pourra dans ce cas facilement intégrer les activistes du groupe libyens dans ces rangs ». Suivant cette analyse, le chercheur pense que la région sahélo-saharienne « est en passe d'entamer un nouveau tournant après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, l'équation a changé puisque ce n'est plus la situation sécuritaire qui dicte les dispositions politiques comme c'était le cas avant, mais c'est la nouvelle situation politique en Libye particulièrement qui nécessite des dispositions sécuritaires, ce qui impose aux dirigeants des pays de la région de réfléchir autrement », poursuivant : « le vrai danger qui menace maintenant la région est la circulation d'armes légères entre les habitants de la Libye et des groupes touaregs, qui combattaient au cotés de Mouammar Kadhafi, donc insister sur les menaces que pourraient représenter le transfert de certaines armes à l'organisation d'Al-Qaida est un peu exagéré,et le fait d'ignorer la possibilité de l'apparition de nouvelles organisations (les trois groupes) qui pourraient menacer la sécurité dans la région suite à la nouvelle situation politique en Libye ».