Fin novembre dernier, Sonelgaz a enregistré à Béjaïa une consommation d'électricité non facturée de quelque 65 millions de kilowatts (KW). Soit un taux de pertes d'un peu plus de 16 %. S'il est établi que la société porte une part de responsabilité pour les cas des pertes techniques (mauvaises relèves),il demeure aussi que le phénomène de la fraude est d'un poids incontestable dans sa balance financière. Le préjudice est estimé à 260 millions de dinars et est d'autant plus lourd que, pour les responsables de Sonelgaz, c'est sa politique d'investissement qui en prend un coup. On regrette que cette perte équivaut à « la moitié du coût d'un microscada » (un système de gestion du réseau par télécommande) que la société vient d'installer au chef-lieu de wilaya. Se disant peu disposé à traîner ses « mauvais » abonnés devant les tribunaux, Sonelgaz a quand même soumis 220 cas de fraude à la justice qui a déjà prononcé une peine de prison à l'encontre d'un fraudeur « récalcitrant ». Sur les 20 000 abonnés contrôlés, dans le cadre d'une nouvelle opération (parmi un total de 200 000 abonnés), 1054 se sont rendus coupables de fraudes. Comment se manifeste ce phénomène ? La fraude se pratique sur le réseau de basse tension et ce n'est pas les astuces qui manquent. Les fraudeurs vous le diront : les anciens compteurs de marque Ganz sont des « jouets ». Facilement manipulables, leurs disques sont blocables en un quart de tour ou souvent aussi pour cause de défaillance. La saignée Le branchement direct à partir du réseau est aussi un acte frauduleux qui fait pâtir Sonelgaz comme cela se pratique sur l'éclairage public. La rétrocession de l'électricité fait que des habitants de quartiers non électrifiés se voient poussés à des branchements illicites sur le réseau ou s'alimentent à partir d'autres sources d'énergie électrique non autorisées. A Ihaddaden, des cages d'escaliers non dotées de compteurs au niveau de certains bâtiments se trouvent éclairés comme l'a été une cité de 50 logements non électrifiée mais habitée à Barbacha. Par nécessité, les habitants se sont débrouillés avec un procédé frauduleux pour avoir du courant. Au volet des pertes techniques, le travail des agents chargés de la relève sur compteurs des indices de consommation est remis en cause par maintes réclamations d'abonnés se plaignant d'erreurs de relève et, par ricochet, de surfacturation. Sept artisans exerçant pour le compte de Sonelgaz, sur la cinquantaine activant sur le territoire de la wilaya, ont été relevés de leur fonction en conséquence. Souvent la relève de l'indice de consommation ne se fait tout simplement pas parce que l'abonné ne répond pas à l'appel au moment du passage des agents de Sonelgaz, les compteurs étant placés à l'intérieur des habitations. Le fichier des index mentionne un taux d'absentéisme de 30%. Le coût unitaire d'un KW explique t-il le recours à la fraude ? « Nous pratiquons les plus bas prix du bassin méditerranéen », nous répond Ikhlef Abderahmane, directeur de Sonelgaz Béjaïa, qui nous explique que l'intérêt actuel de la société n'est pas « de promouvoir les ventes mais de maîtriser la gestion ». La promotion des ventes suppose de nouveaux investissements.